Écrits pour jours de pluie – Barbara Ferreres

Auteure, poète et photographe, Sainte Marie la Mer (66140)

Il y’a de ça des années,
Un pays entier s’est vu intoxiqué
Et s’est battu
Pour un breuvage défendu2

Poetry: Is life worth a tea? – Meditation on time passing and mortality.
Revue littéraire : Luba Jurgerson, Sortir de chez soi – une lettre d’amour aux écrivains passeurs de textes autres

Ils disaient des anglais,
Qu’ils étaient des sauvages3;
L’y ayant là-bas goûté
Je comprends bien l’adage4 !
Aujourd’hui encore des esclaves,
Paient des dettes qui n’ont plus d’âge5

Mais la plupart du temps,
Je n’y pense guère;
Préoccupée par des choses vulgaires,
J’oublie être dans la lignée
De ces gens tués
Où ont fait tuer.
Je ne pense pas à la guerre
Mais je savoure l’instant
Et la chaleur du thé
Me détend…

Barbara Ferreres, 2024, tous droits réservés.


1Le titre « Guerre et thé » fait référence au classique de la littérature russe, Guerre et Paix, de Léon Tolstoï
2Référence aux deux « Guerres de l’Opium », opposant la Chine et le Royaume-Uni. Ces deux conflits trouvent leur origine dans la politique coloniale et agressive de l’Angleterre qui, prête à tout pour faire baisser le prix du thé, très populaire dès son introduction au Royaume, a inondé le marché chinois d’opium, créant une immense crise sanitaire poussant la Chine à brader leur précieux thé pour de l’opium. La dynastie Qing, régnant alors sur la Chine, a initié des politiques d’interdiction d’importation de l’opium que le Royaume-Uni utilisait comme monnaie en échange de l’importation de toutes marchandises, notamment le thé. S’en est suivi deux conflits armés entre la Chine, le Royaume Uni et la France en 1839 et 1856. Pendant cette période, la dynastie chinoise protégeait précieusement les secrets de la culture du thé des occidentaux.
Source internet : Wikipédia, Guerres de l’Opium;
Source littéraire : Lucie Azéma, L’usage du théhistoire sensible au bout du monde, 2022, Flammarion (Paris, France), 240p – site éditeur (flammarion)
3Les chinois considéraient que les anglais ne savaient pas apprécier les arômes subtils du thés et manquaient de ce point de vue cruellement de civilisation – il étaient d’ailleurs courant que les feuilles de thé vert soient accompagnées de colorants, les anglais appréciant particulièrement la couleur verte du thé sans en saisir la différence de goût qui en résultait.
Source littéraire : ibid.
4Au Royaume-Uni, les thés les plus courants sont riches en tanins et amers – agrémenté souvent de lait et de sucre, la dégustation de thé noir est le plus souvent un prétexte pour se réunir autour d’une boisson chaude après le froid et la pluie qu’une occasion de profiter d’arômes plus subtils.
5Bien que des marques indiquent recourir à des plantations aux pratiques étiques, la récolte de thé est malheureusement aujourd’hui encore le fruit de conditions de travail proches de l’esclavage, parfois issues de dettes datant de générations en arrière.
Source littéraire : ibid
Source internet : GoodPlanet Mag’, « Esclavage moderne dans les plantations de thé », 2019.

Barbara Ferreres
Author: Barbara Ferreres

I’m an eatherable mass belonging to nowhere (better known as Barbara Ferreres) and the unreliable narrator of its own descent into the margins of society. It’s not that badn you should come and grab a tea sometimes. I love working with people, email me at tombelapluiepoetry@gmail.com. I would love it!

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