Écrits pour jours de pluie

Parce qu'un jour l'averse cessera de tomber.

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Textes à cacher quand le matin vient

Journal de la double invisible vie d’une autrice ordinaire, qui décrit la réalité cachée, fantasmée des addicts, lgbt, suivis psychiatriques, addicts. Barbara Ferreres vise à sensibiliser le grand public quant à ses catégories, souvent traités d’assistés, de faibles, d’erreurs, mais pourtant négligés par la société et cachés dans des institutions.

Quotidien fantasmé de l’addiction chez les personnes queer, cette écrivaine contemporaine catalane donne à voir la réalité de cette vie, souvent double vie cachée, dont beaucoup ignorent les enjeux impliqués car il n’y sont jamais confrontés. Elle ouvre par les textes de sont journal nocturne longtemps caché « à cacher quand le matin vient » les portes d’institutions qui sont fermés pour qui n’y est pas confronté afin de défaire les mythes, les clichés, et finalement nous rappeler que les marginalisés, les personnes handicapées, ne sont pas toujours sur les trottoirs ou en institution, mais sont des membres actifs de la société qui les dénigre souvent sur des idées toutes faites ou des idées négatives sur les cas extrême d’addiction ou de troubles mentaux, auxquelles les représentations médiatiques ont beaucoup joué.

  • 23/06/2024 – De l’ennui

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    23/06/2024 – De l’ennui

    Si aujourd’hui j’écris, c’est pour poncer une énième fois, sous vos yeux ébahis, la pierre déjà trop polie qu’est celle de l’ennui. Nous avons tous toujours quelque chose de mieux à faire, pour finir englués dans cette sorte de paradoxale immobilité que je vous vois imaginer pendant que je parle. Invraisemblable, mais les voies du Seigneur son impénétrables (cf les milliers d’années de débats qui sont loin d’être terminés).

    Cocteau a dit : il vaut mieux mieux une journée à ne pas produire un écrit de qualité plutôt que de rester à penser, pourvu qu’on écrire (La condition humaine). Alors me voici, époussetant mon torchon (lequel ? dirait ma professeure de concours ministériels) pour polir une deuxième catégorie de poncifs.

    L’ennui et l’envie, quel cliché !

    Dans l’ennui se retrouve fondamentalement un manque d’envie. L’envie me manque couramment – sauf celle d’aller me soulager. Je disais dans un précédent journal que l’écrit était vomi (08/04/2024 – Vomir dans le Thalys), dans le slam Strasbourg tu m’as saoulé que je prenais le merdier d’un endroit donné. Un psychothérapeute fatigué y verrait un lien qui dépasse le royaume des idées. Voici ce que j’en pense : « Comment creuser l’essence de l’existence quand on est par le spleen cloué au lit ? »

    Baudelaire prend souvent de grands airs – regardez un portrait et vous comprendrez que comme moi il n’avait pas d’autres choix. Il répond pourtant très justement à cette question : qui est sujet au spleen, à l’addiction, ou est ivre de quoi que ce soit d’autre, n’est pas en capacité d’écrire. C’est un temps qui vient après. Ah ! Encore un cliché. Il faut bien qu’on vienne s’assurer qu’ils soient dépoussiérés. Faute de balayer devant ma porte physiquement, je peux au moins le faire métaphoriquement.

    En attendant des jours plus captivants je finirais sur une histoire vraie – encore, cette fois-ci non pas dans le secondaire, mais au niveau universitaire.

    Un parcours universitaire : d’une licence arts plastiques à une licence lettres modernes

    L’art de retomber après un raté (de la réorientation)

    J’ai commencer la création avec le dessin, les arts, que je suis entrée à l’université pour étudié en licence arts plastiques. Finalement, ce ne sont pas que les résultats qui m’ont poussée à me réorienter, mais un sentiment d’inadéquation permanent. J’ai changé pour la licence Lettres modernes sans trop y regarder, ce qui n’aurait rien changé vu mon parcours après mon master études culturelles.

    Je trainais mon fantôme d’artiste raté comme un boulet. Après ma licence d’arts, je n’ai plus jamais dessiné quoi que ce soit qui soit digne d’intérêt. Tué, fusillé, j’errais comme une âme en peine avant de découvrir que je pouvais écrire.

    D’ailleurs, ça m’a beaucoup appris de me gourer : je remercie sans aucune ironie papa et belle-maman de m’avoir laissé foncer.

    « Les humanités, c’est pour les ratés »

    Comme si arts plastiques c’était déjà pas assez, en me voyant choisir une autre « filière chômage » (quelle blague, j’ai eu tellement de chômage que j’en ai fait un burn-out, regardez comme je suis incroyable ! ». Ah mais les humanités c’est bouchés, c’est pour les ratés. Comme si ça l’était pas à court terme pour ma soeur et ses confrères, qui ont refusé des contrats prometteurs… Mais eux ils font nucléaire, pas littéraire !, au moins ça donne ce que ma grand-mère appelait « une situation ».

    Retour à l’ennui (le tour des clichés)

    C’est pas grave, je suis un chat de gouttière, j’ai déjà une situation. Les réflexions je me les carre dans le fion, c’est bon pour le transit et ça me permet d’écouter, lire, pour mieux voir ce que l’on ne veut/peux dire pour mieux l’écrire.

    Lire aussi :
    Luba Jurgenson, Sortir de chez soi – Une lettre d’amour aux écrivains passeurs des textes
    09/06/2024 – Si je fleuris, traduis, écris, c’est grâce à mon sale caractère…
    29/07/2023 – Tribulations nocturnes à deux heures du matin

    L’ennui, part fondamentale du processus créatif

    Ce qui nous amène au fond de mon propos : l’ennui est primordial. Il est premier dans la création, l’écriture. Il permet d’ajouter de nouvelles cordes à son arc. Parfois il faut prendre de s’ennuyer pendant un projet, et débiaboliser le phénomène de la page blanche. Dans ces cas là, faites comme Virginia Woolf : marchez, lisez (Virginia WOOLF, Journal d’un écrivain, 10-18). Elle aussi intégrait de grandes périodes d’ennui dans son processus créatif, et c’est désormais une des plus grandes autrices en langue anglaise.

    Surtout, dans une société capitaliste qui nous demande d’être toujours plus productifs, d’effectuer un acte de rébellion qui parait inoffensif, mais reste pourtant fondamentalement nécessaire. Le contraire revient à vendre son art au capital.

    Si vous préférez, c’est ce qui vous faire dire quand vous écoutez un chanteur connu depuis un temps « c’était mieux avant« . Alors, bon sang, laissez leur le temps d’être fainéants !

    En tous cas, attendez moi ou pas, je continuerai à poncer.

    Barbara Ferreres, 2024, Tous droits réservés.

    Photo : Barbara Ferreres, 2024, tous droits réservés. Station de métro Bellecour à Lyon (panneau lumineux). Appareil photo numérique fujifilm XS-10 objectif fujinon 15-45mm, édité avec l’aide d’adobe lightroom, vaporgram et glitch cam (oui faut que je prenne des cours).


  • 09/06/2024 – Si je fleuris, traduis, écris, c’est grâce à mon sale caractère…

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    09/06/2024 – Si je fleuris, traduis, écris, c’est grâce à mon sale caractère…

    Maintenant que j’écris depuis plus de deux ans et que je suis bilingue en anglais, il est temps que je vous confie la vérité : si j’ai fleuri et écrit, traduit, c’est uniquement grâce à mon sale caractère. Si vous doutez encore, je vais vous le prouver dans les lignes qui suivent, et vous verrez comment être une saleté m’a permis de chercher la beauté et développer ma curiosité. Voici donc un guide de survie pour tirer le meilleur de votre jalousie, rancoeur, et sale caractère.

    Je commence par quoi, l’écriture, la traduction ? Allez, je choisis pour vous, on va dire l’écriture, pour ceux qui veulent abréger la lecture.

    Mon sale caractère, grand tributaire de ma quête de l’universel (mes débuts en écriture et poésie)

    Vous allez me dire : non, c’est pas possible, elle exagère. Mais si, je vous jure que c’est vrai. Ma mère me disait de ne pas raconter d’où viennent mes premiers textes car ce n’est pas vendeur : je pense qu’elle s’est désormais résignée au fait que je me fiche de choquer.

    Après un bac L, une licence de lettres modernes décrochée mention très bien et un master en études culturelles, j’ai fait mes début en écriture, et particulièrement en poésie, en psychiatrie. Oui, en psychiatrie. Chez les fous quoi. Non, pas à Thuir quand même pour mes lecteurs de Perpignan – À Théza, à « la clinique du pré » – pour information, les prairies c’est autour, y’a rien qui vit à l’intérieur de cet endroit maudit. Mais moi j’ai toujours été une mauvaise herbe, envahissante presque – c’est ce qui m’a permis d’y fleurir et de commencer à écrire.

    La petite maison dans la prairie (la clinique du pré à thèza) – tirer profit de la jalousie

    Mais pourquoi attendre de se retrouver en psychiatrie pour commencer à écrire ? Deux raisons – déjà, la clinique psychiatrique, c’est un peu une garderie pour suicidaires avec des activités planifiées sur la journée. Ensuite, j’y ai sympathisé avec deux personnes qui écrivaient. N’ayant vraiment rien de mieux à faire que regarder le plafond, j’ai trainé à leur suite ma carcasse jusqu’à l’atelier d’écriture pour ne pas passer pour une fainéasse. Le cercle feutré de l’atelier ne m’a pas empêché de raisonner comme une enflure.

    Je vais vous expliquer : en gros, l’atelier, on nous donnait un thème genre un mot et on devait faire un texte sous forme libre, en groupe d’une dizaine de personne, et ensuite chacun lire le sien à tour de rôle. La première séance, je fais ma tambouille. On lit. Je passe après mes amis. Et là quand même j’me dis « Eh mais si eux ils disent qu’ils écrivent en écrivant ça, pourquoi moi j’me prive ? ».

    Oui, vous avez bien compris : j’ai commencé à écrire pour sauver ma dignité, et j’ai continué parce que la gêne de mes amis face à mes premiers écrits à gonflé mon égo surdimensionné.

    Pourquoi cacher ce qui pourrait pousser quelqu’un à créer ?

    Non, ce n’est pas très flatteur. Pourquoi le crier au monde entier ? Parce que j’ai passé des années à me dévaloriser et je me dis que franchement, on s’en fiche du déclencheur si ça entame un processus libérateur. J’ai pas continué pendant deux ans juste parce que c’était flatteur : quelque soit la forme d’art, il y a toujours une partie ingrate, celle qu’on cache bien aux gens qui font pas mais qui viennent aux vernissages avec leurs vêtements de marque et leurs montres connectées (on va quand même pas faire fuir l’acheteur – voire pire, un potentiel créateur, c’est comme les enfants faut leur donner un peu d’espoir sinon comment vous voulez qu’il poussent correctement ?).

    Sachez que si vous vous lancez dans n’importe quel hobby juste parce que vous avez vu quelqu’un faire et vous vous êtes dit que vous étiez pas plus con que lui, vous avez mon soutien total; lancez vous !

    Et c’est là que je fais la transition avec la traduction : si je peux prétendre avoir quelque connaissance de la démarche du traducteur, c’est grâce à ma sœur, et vous vous en doutez, c’est pas parce qu’elle me donnait des cours du soir.

    Comment la jalousie m’a donné une superbe vie

    Oui, encore une fois, vous avez bien lu le titre. Si je suis bilingue voire trilingue aujourd’hui et que j’ai passé des mois à l’étranger, c’est encore une fois parce que j’étais une saleté. Voyez vous, j’ai une sœur jumelle. Une personne droite, absolument incroyable, avec une morale indéfectible, autant dire que telle une plante je me suis servie de cette pauvre âme comme tuteur. Ma sœur, si tu lis ceci, il faudra que tu m’expliques comment tu as fait pour ne pas finir par me poignarder dans une des ruelles de Canet pendant mon début d’adolescence, et encore plus incroyable, à être si douce avec moi après que quand même, je me sois comporté comme une vraie saleté.

    J’adore ma sœur, mais un peu comme on regarde une idole de loin, je pense que si elle se pointait devant un temple tibétain pour devenir moine ils la prendraient, genre vraiment. 

    Apprendre à la carotte c’est top (et ça rime)

    On va monter dans une machine à remonter le temps et retourner à ma deuxième année de collège, car vraiment c’est là que ma jalousie à permis à ma vie de prendre un tournant. À l’époque, rien ne me prédestinait à ne savoir dire plus que hello ou goudebaille, parce que je vais être honnête : 1) j’en avais rien à carrer 2) ma prof je pouvais pas l’encadrer. Deux conditions parfaites pour l’assimilation d’une matière étrangère. J’ai plafonné à 10/20 pendant deux années.

    Et puis en cinquième, y’a eu ce déjeuner. Ma sœur, aux notes bien meilleures et qui avait déjà l’option latin, avait choisi de s’inscrire pour l’option européenne en anglais. Je vous rappelle, mon objectif était de passait sans me fouler. J’allais pas me rajouter des heures quand même ! Mais là, elle rayonne à table.

    Avant d’aller manger, les cours presque terminés, leur prof d’anglais leur avait annoncé : toute la classe européenne partait à Londres.

    Ma soeur. 

    À Londres. 

    Sans moi ?

    Absolument inadmissible.

    Je me suis donc à la fin du repas de la fatidique annonce rapproché de ma mère pour lui exprimer mes regrets, j’étais nulle en anglais, je voulais progresser, j’avais pas pensé à sélectionner l’anglais… Ma mère, une trop bonne âme, n’a pas fait le rapprochement avec l’annonce qui avait été faite moins d’une heure avant. Et les étoiles bien alignées, ça à marché, alors que c’était pas supposé marché.

    Et du coup voilà, c’est pour ça que maintenant je parle anglais et que j’adore la traduction.

    En conclusion, je vais pas faire long : écoutez la saleté intérieure en vous. Faites les choses qui sont bonnes pour vous pour de mauvaises raisons, ça vous dégagera l’horizon. 

    Écoutez votre saleté intérieure, elle vous veut du bien.

    Quand à ma soeur, je pense qu’elle pourrait rentrer au couvant, mais elle est en thèse, c’est presque pareil. Voilà, c’était le journal confession, j’espère que vous avez apprécié cette méthode pour améliorer votre vie en étant une saloperie, le développement personnel à l’eau de vie, ces guides sont à la mode mais ils vous donneront jamais ce genre de conseils. Ouf, barbara est là, (non).

    Barbara Ferreres, 2024 – Sachez que si vous êtes une des personnes mentionnées dans la première partie, non ce n’est pas moi qui ai écrit, c’est ma saloperie intérieure, je me dédouanne.

     

     


  • 19/05/2024 – Montpellier sans toi

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    19/05/2024 – Montpellier sans toi

    Je vois les rues de Montpellier et je repense à ces été passés sous le canard fracassants et le jacassement des cigales, et aux soirées avec toi. Il semble que quelque-chose sonne faux dans le Montpellier sans toi.

    — Billet du 02/01/2024 que je revisite en le mettant en ligne, ce sont les signes d’ajout—

    Ces nuits et ces jours passés dans l’agitation des cités étudiantes, des universités, Paul Valéry, où, couchée sur le lit, j’étais terrassée par la fatigue en avance à l’idée des journées chargées à venir. Je revois ces moments volés avec toi dans cette résidence où vous deux m’avez vus aux plus bas. Les trajets vers les deux endroits sont tellement ancrés que, bien que je ne sois plus résidente depuis des années, je me vois écraser ma cigarette pour refaire ces trajets familiers vers les arceaux ou voie do et rentrer me coucher sur ce lit pour passer le temps. C’est un étrange sentiment de savoir que je vais rentrer m’écraser dans un autre lit.

    A lire aussi :
    01/08/2023 – Chez moi on parle français et néerlandais 
    Strasbourg tu m’as saoulé

    Ses chambres sont devenues l’image de ma vie étudiante, l’image universelle de mon indépendance et de ma jeunesse, même si je ne me vois pas retourner vivre à Montpellier. Y passer en visiteuse me rend nostalgique et me donne l’envie de rester, d’arpenter la faculté comme si rien n’avait changé. Ces endroits, je refuse qu’ils soient vide de moi. — Je me refusais que ces endroits soient vide de toi car tu les as rempli, mais en fait, je m’aperçois que c’est désormais plus ma solitude et l’effervescence de ma vie là-bas que ma vie avec toi qui me manque. Montpellier sans toi, je l’imagine parfaitement.

    Copyright Barbara Ferreres, 2024
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  • 04/03/2023 – « Never a frown, with golden brown »

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    04/03/2023 – « Never a frown, with golden brown »

    You’re writing your autobiography. What’s your opening sentence?

    If I were to write my autobiography, The Strangler’s « Golden Brown » sweet refrain would immediately come to my mind as an opening sentence. I am of Mediterranean Spanish decent and my skin turns golden in the summer. My dad’s all year. We never argue, and I never feel mad when I can enjoy the sea, the sandy colour, and like the author, a hit of heroin. Never a frown, I will be found making music, poetry, texts. But it’s not necessarily a good thing. You need get mad sometimes. I am someone who gets mad easily. I just stop when I take too much, stop doing anything, stop doing a fuss because I am just sleeping my life away, everyday. In the end, there’s not only never a frown, but never a sound. It almost took my life. I could have went from looking for peace, to resting in peace.

    The fact it plays such a huge part in my creative world right now, but also my life – some person even denying me my dying experience because I am still alive, the audacity! – I feel it would be a good start for an autobiography. It started a fair share or arguing, crying, lying, and family trauma. I’m just getting over it, and I did not quite finish the process, so if it were to start now, I would start with this, and explain how the lack of care for my mental health and late neurodivergency diagnosis as well as late disability acknowledgement played a huge part in having to find peace in the brown sands. And while it’s not every addict story, I know a fair share of autistic and adhd (audhd) people who ended up facing life threatening addiction behaviour because getting care is even more tiring than suffering the consequences of being left to deal with it in the wild.


  • 03/03/2023 – On owning books (or not)

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    03/03/2023 – On owning books (or not)

    I should be sleeping instead of sitting on the toilet writing this but, reflecting on how satisfying today’s date is and given it’s 3am, I am really glad I didn’t listen to reasonable me (for now). 

    I was thinking about something. Well, I was reading a book (Autumn by Ali Smith, which is a really good book but not really relevant fro the rest of this diary entry I’m afraid) and thought damnI don’t really think I could date someone who doesn’t read. When I’m speaking of reading, it’s not in elitist terms, I don’t really discriminate: I also include comics, mangas (they are books and very interesting no matter what snobbish people are saying about them), fanfictions, audiobooks, you get it. But then I realised, it’s a very stupid thought, because I did date people who’s single book was something they were meant to read in french third grade and never got around to do it (even though it was mandatory) but still had hopes of reading and I’m no one to judge that. But thinking more about it, all of those relationships were major failures. I think from that list (which is, in fact, my entire dating list, and fling list, except that shady thing with that girl I almost got to shag in the psychward only to find out she hadn’t really broke up with her long term girlfriend, but she did read so it doesn’t really count) only one person hasn’t blocked me or gently removed from their friend list. In fact, we got to talk very recently and even though their life and health showed a huge improvement after from good changes on their part and strong commitment to it, which made me happy, it wasn’t a really interesting talk. I mean, few of our talking has ever been stimulating, and I think I wrote some of my best breaking up pieces thanks to him, but I would hate to be their girlfriend right now. 

    Apart from high school friends (that’s as close as I will get to childhood, which is fine because I remember none of it) and internet friends, I realised from friends and acquaintances for their I met in real life, except 7 of them (I’m not talking to any of those right now, and only three weren’t a heart wrenching separation), none of them really read novels, even the ones I met during my literature undergrad program, and only one shared my taste in books (the psychward girl which is, thinking of it, probably the only reason that led me to think I was in love with here that and being in the psychward, but that’s a thing people who were never thrown in the bin will never get). 

    All this unnecessary text to say that I can in fact sustain long relationship with people that don’t even like to read. I mean, they all ended up being life destroying failures, probably for the best, because I realised I would rather have my life as a crazy non functional addict that the normal life with a house, a routine, a community like most of them got – no offense meant, since the feeling is probably mutual – but in the end, books played a little, or none, in this. It’s even maybe better I don’t only have relationships with fellow reading enjoyers, are those proved to be pretty intense and I would probably never had left the house if it were the only kind of people I got to interact with on a daily basis. But just as other drug users can tell for sure I use drugs and the police doesn’t, I can smell another book reader. 

    I’m not speaking about those who make reading their whole personality about it, which I might be somewhat guilty of – an interesting social experiment was creating a side twitter account where no one knew me and people just guessed I was a bookworm even if all I talked about was taking drugs – but of something different. It’s not that people who read a lot of book are always speaking about it, but in a way, they are. It’s not that they are more empathetic – some of them are real cunts, if you allow me, which is okay, because I am a tad of a cunt myself – it’s the way they are speaking, or not speaking about things. The way they are making links, and their ability to make up things. I didn’t say lying because lying implies you’re not telling the truth, it’s changing a whole relationship dynamics and taking the risks associated with it. They know the power of words and together you can have discussions where you are making things happening, manifesting things into the dimension of existence you are living together. It really sound fanciest than it is, but you might get what I mean if you are doing any kind of art. Let’s say it’s the literary equivalent of knowing someone walking past you in the street is doing ballet just by looking at their posture. Or the way you can tell English is not my native language and that’s I’m getting lost in translation, somewhere in the world where my parents weren’t speaking English while I was in the womb. Tough one. You would be telling France, since my blog is in English and French and I mentioned France in my biography, but I could be taking vacations in London right now, in Leiden, be from Mars, or just a really good liar and messing up my relationship with you. 

    Anyway, I think this rambling is coming close to an end. If you went to university (or college), this is the part of the seminar where very optimistic or bored scholars, despite years or experiences and knowing this might as well be just the end of the introduction, are starting to grab their keys from their suit’s pockets. If you didn’t go to university, you have now something up your sleeve to make people believe you actually went, because this is an universal experiment for people who where unlucky enough to have a seminar with a very talkative scholar – or lucky, it depends if you are the one going for your keys or the one looking at the unfortunate person with a mix of amusement or pity. During one of those lectures, where I was the one looking for my keys – but it was alright because the teacher wanted to be there as much as I did, which didn’t prevent him from teaching me a lot of valuable things – that teacher told us, don’t buy books, it takes a lot of room when you are moving out. This is a very fair advice, because all the times I have been moving out have been a struggle and, to be honest, a real test on the relationship of whoever was helping me out. But another thing I would say is, don’t be fucking posh about owning books, or reading them. Don’t buy books that you don’t read just to look cool, because everyone knows you’re not reading these and now you just lied to everyone and they know something about you you didn’t want them to know in the first place. This also mean don’t be the reason people do this – you’re not better because you are reading books. A lot of awfully mean or uneducated people have been reading classics. It can help you learn things, but it won’t make you someone you’re not. That’s why as someone who love books, I’ve never really maintained any of the relationships I made in my literature undergrad program – most people weren’t there because they were interested in reading, which is fair. But I would rather have been reading than listening someone presentation about something they weren’t interested in, and even if I learnt a lot of things I still use today, I found the whole thing very posh. You can’t say that, this is too vulgar. Fuck off, they’re words. I don’t think William Burroughs ever cared about not being vulgar. Why should I use the exact right way of forming a question for a dissertation, using only book examples to discuss the world, only for it to be read by people who’ve only wrote about studying book and not writing them. I loved my teachers and what I learnt about reading; I just didn’t like to be told how to read and how to write about it. Honestly, that’s a me problem – I get taught that books stand in their own, and then that they don’t. I almost killed myself living in theory – I love how Babel speaks of that – everything that was too mundaine became suspicious. That’s also the reason you shouldn’t hang out with other artists too much. Everything that came from the body, whatever it is hunger, fatigue, having to deal with people, showering – became annoying. Soon, I began to understand why Victorian people would not feed or hydrate themselves or stay in bed for days because being incarnate was disgusting. 

    I’m not saying reading or not reading is dangerous for fragile minds like Flaubert was, first because I think he was a bit of a misogynist writing Madame Bovary; I don’t get why the reader gets this kind of affliction, when it should have been the writer. The Naked Lunch is way more honest. Even Baudelaire was more honest. The issue with Madame Bovary was that she wasn’t given the opportunity to write; else she might have stopped to make what she wanted manifest in her relationships and shopping, because she would have the tool of words at her disposal. She, sadly, wasn’t just not the right class in the middle of nowhere: she was a woman. A depressed man reading is a cursed writer. Anyone else’s just read too much. Oh, the irony is, I was first diagnosed with anxiety « because I was reading too much » in 2014, the year I first read that book and wondered if my only fate was to off myself. While I did off myself, I also made it to write. The issue is: to most of people, my words don’t matter. A person in position of power who reads and write is an intelligent mind, it’s a proof of authority. Just watch how they painted Macron as a literature lover in the 2017 french elections. But if you’re not the right kind, your words don’t have power. I am not the right kind. Proof is, they give you writing groups while you’re at the ward – well, not every ward, because some have common sense. They don’t believe you’re in the right mind for your writings to hold any danger. But I beg to differ. I lost friendships over being vocal about my beliefs and who I were. But I made some too. I had people telling me, it was the first time they were reading someone speaking about being mentally ill or suffering addiction like it was normal – and honestly, it is my normal. I woke up to a message this morning to someone telling me they thought they were too multiple for it to fit into a single writing project. But in the end, it’s us they remember. And if it’s not me, it will be someone in the same vibe. Words give us means to get together, as weird people, and celebrate being weird, and the power to tell the other not in their right mind people there is nothing wrong about it and that maybe there is nothing wrong with being in the margins. That, they don’t like it very much. Or, only if it comes from the right person, which wasn’t quite the right person when they were alive. 

    In the end, it’s not owning books that will really change how you live as a person. It’s your relationship with them that will change everything. Your relationship with words. You don’t need to own Baudelaire to do that. One of the smartest people I know favourite book series is Where is Charlie? And I think that’s amazing. But he’s smart. Not book smart. Smart. You can be both. Or none. Most of people who think they are smart just have to compensate something. You just need to find your way around things. I know a lot of readers that fit the description I made; I think of most them as artists, even if they never published a single blog post. You don’t have to make it public you are able to manifest things. I can’t, for instance. Not always. But sometimes I can. And owning books just made me more eager to vomit my thoughts on paper than I used to be, which says nothing about my worth as a person. If you think you can’t get along with people who don’t read – I beg you to reconsider what you really mean.

    Not all people who create are artists, and not all artists are aware of it – let’s show them they stand a chance in this world.