Souvenir
Tapes, from the « Souvenirs » painting series, by Okaasan/Nathalie Ferreres, mixed media on canvas, all rights reserved 2023-2024
She noticed the graphite scratching,
The ink flowing ;
Second scretched,
As she lurked
Auteure, poète et photographe, Sainte Marie la Mer (66140)
Femme bi occitane qui navigue entre le sud et l’alsace en rêvant aux Pays-Bas. Folle, excentrique, pas fiable, un peu bancale, je fais partie de ceux qui remplissent les marges que certains rêvent vides. Pourquoi être heureux quand on peut rentrer dans la norme ? Demandait Janette Wintterson dans le titre de son roman qui me regarde plein de jugement sur ma bibliothèque. Et puis, c’est quoi, la norme ? Pourquoi ma norme mérite d’être dédaignée ? Je veux créer pour les gens un peu chelou, un peu twisted, ceux qu’on étiquette foux/folles, queer, tox, et leur beauté qui éclaire le soir, étoiles qui éclairent le ciel sous lequel ronronne le train de ma vie. Je vis pour la nuit, où l’interdit est effacé au levé du soleil, et où les attentes du monde se retirent sans faire de bruit, me laissant face au cri de mes pensées que j’exorcise avec l’écriture et les paradis artificiels
poésie – journaux – textes engagés – photo – zines – collaborations
Bi woman from Occitanie, wandering between the South of France and Alsace while dreaming about the Netherlands. I’m the crazy, excentric, unreliable narrator filling the margins of society some dream of seeing empty. Why be happy when you can be normal? Asked Janette Wintterson in one of her novels, which I can feel staring me from my bookshelf. And whatever, what is normal anyway? Why is my normal worth being frowned upon? I want to create for the freaks, the one people call weird, mad, queer, junkies, write about their beauty that shines in the sky above the train-like murmur rythm of my life. I’m living for the when the night comes, when the limits of what’s deemed acceptable blurr, where sins get erased when faced with the light of the morning sun, and where societal expectation silently disappear, leaving me with my screaming thoughts I try to exorcise with words and artificial paradises.
poetry – diaries – engaged texts – photography – zines – collaborative works
Vivre dans la marge, c’est comme être dans le mauvais train, ou en perpétuelle attente d’une correspondance. C’est mieux si on prend pas trop de place, et idéalement si on coûte pas trop à la société. D’un coup tout le monde te connait mieux que toi et tes moindres traits sont diagnostiqués pendant que se déroule à tes pieds le tapis du perpétuel et infini retour à l’institution parce qu’il n’existe pas de solution.
Et puis, ces disputes de familles à ton sujet auquel tu assistes comme si tu étais un simple objet.
Et puis, il y a les crises. Ces moments d’impuissance qui dépassent l’entendement. Quand tous les indices donnés par la réalité vont forcément vers le complot contre toi, alors que t’es même pas si bien, prenez donc un anxiolytique.
Living on the edges is like being in the wrong train, or stuck forever waiting for your connection. Don’t take too much space, please don’t cost too much to us, the useful ones. Suddently everyone knows you better than you do, every aspect of your being is something to be diagnosed while rolls under your feet the way that doctors are paving to make sure you will always go back to being institutionalised, since there is nothing better to do with you.
Honorable mention to all the times your family is arguing in front of you like you were nothing more than an inanimate object.
And then, there’s the crisis. These helpless times you’re watching something distress bigger than anything else unfold. When all the cues given by reality are telling you the world is against you, while you’re not even worth it, just take that anxiolythic.
Certains poèmes sont inspirés d’artistes ou de lieux existants et publiés avec leur autorisation – une occasion de découvrir d’autres univers !
Some pieces are inspired by existing places or artists and publish with their accord – an invitation to discover other universes!
La nuit est ma compagne,
J’aime en son sein effectuer des délits anodins
Qui seront oubliés le lendemain
Quand l’aube tombera sur la campagne.
Contact pour mettre un projet en oeuvre : tombelapluiepoetry@gmail.com
C’était sur une route nationale de Bretagne
Sur ce chemin désert, sa mini grise comme la campagne
La conduisait vers une longue histoire.
Elle était jeune, brune, jolie, grisée,
Il était quatre heures du matin
La lumière de ses deux phares, noyée dans l’illumination d’une intersection
Éclaire trois lascards, un groupe de tocards
Pas avare, elle se laissa faire par leurs pouces en l’air.
Il me dit moi j’ai toujours préféré les prénoms féminins qui finissent en -a
Tu vois comme pour Anne, moi je préfère Anna
Sur un coup du hasard, est au volant Nadia
Il se dit qu’elle est plutôt jolie, qu’il la voudrait bien dans son lit, ou au moins contre lui.
Mais voilà, il y avait ce géant,
Un autre fou,
Son nom était Marco
Il venait de San Francisco
Blond, un personnage de film indescriptible
Trop grand pour la voiture miniature
L’écho de leurs cris raisonnant
Couvre le moteur ronronnant
Elle calme ces espèces de tocards
Qui ont l’audace de se disputer, au lieu de monter !
Finalement entassés, le grand répète avec son fort accent américain
Imité trente ans plus tard par les deux copains
« Je suis marcow de San Franscicow »
Ils sont eux aussi grisés, par le destin
Les faisant ressortir dans le noir de la nuit.
« Je n’étais alors qu’à demi-folle », elle me dit
« Mais lui, il était déjà complètement parti »
Dans cette mini, trop petite pour les contenir,
Le blond répète avec son accent américain son histoire :
Il se fait le Marco Polo des mythes celtiques.
D’une nuit pour lui;
Mais qui allait devenir pour l’autre excentrique
Celui d’une vie.
Leur carrosse se dirige doucement vers un improbable château
Dont le géôlier, aimable comme une porte de prison,
Ne s’adresse à eux que par une petite grille
Au niveau des yeux.
Elle toise les quatre zonzons, leur bagnole, l’odeur de la gnôle,
« Qu’est-ce que vous voulez ? »
Son ton vener exagère les voyelles comme des torgnoles.
Ils repartent avec des pizzas
À quatre heures du matin, au milieu de nulle part.
Marco est rentré à San Francisco,
Frédérique qui pour Nadia n’a plus la trique occupe maintenant la place avant sans concurrent
Pour eux deux ? C’est assez grand.
Elle est garée devant la maison,
Sur une des trois places, c’est la troisième qui s’y succède,
Confondue avec la grisaille
De Strasbourg, où se sont croisés nos courts séjours.
C’est leur attelage, celui de leur folie,
Celui d’une vie,
Elle n’a pas pris une ride,
Mais tous ont augmenté leur kilométrage.
Elle se fait symbole, et nargue la hiérarchie stupide
Pui pensait par la distance les séparer
Au nom de la conformité;
Et empêcher leurs retrouvailles…
Quelle blague !
Dans le flot de vin nous trinquons
Au culot et à la vie
De ceux qui ne sont pas saint d’esprit.
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La place du village et son café sont déserts, on sent que la rentrée est passée. Seule une vieille dame, au regard désœuvré, est assise sur un bac protégée d’un rayonnement solaire beaucoup trop violent pour une première quinzaine de septembre. Cette ambiance s’intensifie devant l’école, où ma tenue gothique accompagnée de sandales roses me vaut d’être toisée. Les regards partent du haut vers le bas, surtout ceux des parents. Leurs enfants sont bien trop occupés sur leurs trottinettes, vélos, certains brillants encore, indiquant qu’ils étaient encore en rayons quelques semaines auparavant. Un père porte le t-shirt de la saga qui a bercé mon enfance et je suis percutée de plein fouet par la réalité : la plupart des gens qui m’ont élevé sur internet sont les mêmes qui sont désormais parents. Un vertige me prend. Je réalise qu’inevitablement, un de mes amis vraiment proche va un jour porter un enfant. Pas juste ces connaissances lointaines, comme mon premier baiser, qui sont devenus parents à peine sortis du lycée. Je me dis que la première sera sûrement Julie. Je me demande si ce sera avec Jordan, qui est si intentionné et pour qui mon cœur balance(ait). J’ai toujours voulu être marraine, mais avec ses deux sœurs et la mienne, elle a de quoi faire. Du materiel plus stable. Ce que je ne suis profondément pas.
J’atteins la pharmacie, comme à mon habitude. J’ai postulé à plein d’emplois et déjà essuyé des refus, malgré un stade de recrutement parfois bien avancé. Ainsi, je n’ai pas la moindre idée de ce qui m’attend à Strasbourg Vendredi, si ce n’est mon lit froid et mon mur tâché.
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J’entre dans la pharmacie chercher mes antidépresseurs. Une fillette fait semblant de comparer les produits de parapharmacie avec attention et je me rappelle que je faisais pareil à son âge. Mes pilules « anti defenestration » comme je dis. Mon Spotify me lance « Stayin’ Alive », ce qui me fait rire jaune, d’autant plus quand je vois le petit nombre de Valium que m’accorde la préparatrice. Une boîte, on me l’avait jamais fait ! Moi qui ai raté un mois, je suis juste. Mes abus m’ont finalement eu ! A côté de moi, un couplé anglais galère. Le pharmacien parle anglais, mais c’est pas assez. En leur parlant, je comprends qu’ils sont allemands. Je repars en héroïne, ayant sauvé la prescription de ces vacanciers. Spotify me joue good old fashioned lover boy de Queen. La musique me rend heureuse et accompagne mon départ heureux, mais remarqué. J’ai passé plus de trois quart d’heure à la pharmacie, mais certains parents attendent toujours devant l’école. Je repense à Sylvie, qui pouvait parler durant des heures. Des fois elle arrivait pour déposer mon pote et repartait surprise avec la sonnerie de midi. Ceux là n’ont pas l’air de ce genre là et je me demande ce qui les retient comme ça. Je ne saurais jamais et je m’en fou.
Je regarde le lac de leucate et je suis triste à crever.
Je n’arrive pas à réaliser que je vais m’en aller. J’ai l’impression que je vais en crever. Que c’est pas possible que je retourne loin de tout ça.
Avant, j’étais à Montpellier, mais c’est de la triche, c’est pas vraiment loin.
Je repense à papa et ses histoires de pension comme si j’avais besoin de ça. Comme si je galerais déjà pas assez sans ça. Il faut qu’il rajoute sa touche. Je sais que c’est juste, mais ça m’emmerde.
Je voudrais rester en Provence avec mes amis et ma sœur. Je suis toujours si loin. J’ai l’impression qu’ils se rapprochent et que je les perds. J’y ai contribué. Mais j’aimerais continuer de regarder avec eux la voie lactée. Il me semble injuste que les gens qui comptent dans ma vie soient tous loin de moi.
Je regarde les Corbières et les Pyrénées, basses, avec leurs contours bien arrondis. Je repense à mon arrivée somnolée dans les Alpes escarpées. Tiffany qui me dit que ça sent la maison pendant que je me laisse bercer par le ronron du moteur. Je me rappelle avoir demandé pourquoi. C’est parce que les Alpes sont des millions d’années plus jeunes. Regarde, on voit encore les strates, et le dessus qui s’est cassé la gueule, rigole selena, au volant depuis Strasbourg. J’essaie d’imaginer les Pyrénées en train de pousser, détruisant tout sur leur passage, d’un coup comme une éruption. J’ai demandé si ça se passait comme une catastrophe naturelle. On m’a parlé d’endroit de friction des plaques, le truc niveau 4e, mais au final je n’ ai pas compris si l’avènement des montagnes que j’aime aujourd’hui s’est fait dans un désastre.
A Port la Nouvelle, je vois cette infrastructure de béton moche qui m’avait tant impressionnée mon premier soir de voyage seule, dans le train de 17h17, que je n’ai plus jamais repris parce
(suite…)