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  • 08/07/2024 – Demain la methadone

    Je ne sais pas à quoi m’attendre pour demain, j’ai été pas mal baladée à Strasbourg et à Perpignan, la le csapa me propose direct un rendez vous infirmier + médecin pour induction methadone avec mes test pipi bien positif ?

    Serait ce la fin du calvere, pour moi qui suis trop amoureuse de l’héroïne pour m’en défaire ? Je ne sais pas trop. En tous cas au fond du tunnel un peu de lumière. C’est con mais je sais qu’avec la metha j’ai l’opportunité de rechuter si j’ai envie et même si maintenant j’ai désespérément besoin de stabilité et d’économies financières c’est rassurant cette idée même si je tiens à me tenir au traitement. C’est paradoxal quand même ? Le Subutex à côté ça me fait peur. J’ai lu Vernon Subutex de Despentes pourtant. On m’a dit que c’était bien. Mais ça me fait peur. Je me dis que l’idéal ce serait l’héroïne médicale, mais c’est déjà pas mal qu’on conserve nos droits, on a eu de la chance avec le passage du Nouveau Front Populaire dimanche, va falloir attendre pour en avoir des nouveaux parce que le rassemblement national n’est pas trop fan des heroinomanes.

    Pas glam, mais je vais penser à demander le médicament sous ordonnance pour les constipations liées aux opi si c’est possible. Je crois que c’est l’aspect qui m’emmerde le plus. Manquerait plus que ça me conduise à l’hosto.

    Ça se passe mieux aussi niveaux relations familiales, avec ma mère et ma sœur en tous cas.

    M’éloigner à permis à nous deux de guérir. J’en ai reparlé à ma mère. Je lui ai dit que je pouvais pas toujours rester clean, que je rechutais tout le temps, et que j’avais besoin de pouvoir consommer pour avoir l’aide et la substitution dont j’ai besoin, car ne rien avoir me donnait envie de me mutiler ou de me flinguer. Elle a pleuré. Je l’ai consolée. Je l’ai écoutée. Je lui dis ce que je commande, où, en combien de lettres, et en quelle quantité. Elle manage un peu un mais pas trop, juste ce qu’il faut pour qu’elle reste à l’aise. Si je fais un écart je lui dis. Elle se doute que j’ai continué mes conso en étant loin.

    Mais même si ça fait du mal ça fait du bien que chacun puisse s’exprimer sur les difficultés liées au sujet sans se disputer, car c’est min addiction mais elle vit quand même avec et je sais que c’est dur pour elle en tant que mère. Que j’ai pas osé lui en parlé, puis même si elle comprend elle me dit « je peux pas m’empêcher de me demander si j’aurais pu faire quelque chose pour t’éviter de tomber ». J’aime pas trop l’allégorie mais je mais de l’eau dans mon vin, je lui fais un câlin et je lui dis que maintenant elle peut m’aider à remonter. Que je vais faire ce qu’il faut pour être digne de confiance, même en ayant des consos. Elle est tellement comprehensive que je n’ aurais jamais imaginé ça possible.

    Bien sûr des fois elle me dit que je suis défoncée alors que je le suis pas mais j’ai appris que j’avais pas à m’énerver, parce qu’après tout j’avais tellement menti la dessus que je pouvais lui laisser le bénéfice du doute à condition qu’elle me croit. J’ai l’impression qu’on s’accompagne un peu toutes les deux.

    J’angoisse pour demain, j’ai peur de ce qu’il va se passer. De n’avoir encore pour un mois droit à rien, ou en même temps d’avoir le traitement tant attendu. J’ai vécu comme « junkie » (auto proclamée, je déteste quand les autres utilisent ce mot comme insulte, y’a que ma famille qui a le droit de l’ utiliser pour blaguer, ailleurs c’est non, c’est hypocrite je sais) qu’il va falloir que je me reconstruise une identité. Une identité de consommatrice peut être, mais pas d’addict. Mais les années de galère m’ont rendu polymorphe, je suis un chat de gouttière, je me glisse partout, j’obtiens ce que je veux généralement et je retombe sur mes pattes. Alors ça va aller.

    J’ai commencé à fréquenter les cercles artistiques de ma mère. J’écris des textes, des slams, j’ai changé de sujet, je me dédie plus juste à la dope, mais être scotchée ça m’a fait prendre du retard et même si c’était super je réalise que je commence à en avoir marre, surtout quand on me dit connaître un éditeur, que il faut absolument qu’on me mentionne quand je les verrais même si ce que je fais est médiocre à mon sens. J’aime trop la came pour avoir l’impression d’être son esclave; mais j’aimerais que ça reste un plaisir et je m’en cache pas.

    Faut que j’avoue un truc, la drogue, ça me donne une impression de contrôle. Les doses, les substances, quand. Une pilule, un rail, un plug et on reprend le contrôle sur un psyché trop tumultueux pour être contrôlé sans être mediquée et zombifiée comme je l’ai été. On contrôle sa fatigue, quand on plane, quand on ressent les choses. Et puis je suis devenue dépendante. Je l’ai longtemps nié mais avec l’environnement favorable que j’ai eu et l’aide de mes proches, ce qui relève du privilège, il faudrait que je sois sacrément conne pour continuer de fermer les yeux. Et la le contrôle est perdu. Je veux plus. Je peux plus. Les comptes sont vides. Si je continue c’est la chute aux enfers sans un rond.

    Mais aller chez l’addictologue, mettre aux mains de docteurs une chose aussi intime qu’est l’addiction et leur donner le contrôle, c’est aussi flippant. Je sais pas à quelle sauce je vais être mangée ni à quoi m’attendre et je déteste ça. J’essaie de m’accrocher aux promesses d’une vie nouvelle. J’ai perdu mon étincelle. Je compte bien la retrouver.

    J’écris là dessus pour casser les clichés du junkie, pour lever le tabou sur l’addiction aux opiacés et sur le tso (traitement de substitution). Je suis fière d’appeler à l’aider et de prendre soin de ma santé mentale.

    Barbara ferreres, 2024


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    Notre chaos heureux

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    Notre chaos heureux

    Ils ont prédit pour nous deux
    Un avenir désastreux
    Où la chute dans les drogues
    Serait notre symbole

    Pourquoi faire tant d’histoires ?
    Si tu ne valides pas le nouveau chapitre,
    Cela ne veut pas dire que tu dois t’arrêter au titre

    Ils attendent de nous deux
    Que nous nous déclarions notre flamme
    En mettant à feu et à sang leur équilibre à eux

    Vous aimerez aussi : 
    Nuit chérie (poème)
    Rendez vous chez l’addictologue (tranche narrative)

    « Il est immature »
    « Il a des problèmes d’addiction »
    Comme si je me carrais pas de l’héro dans le fion !

    Soyons deux adolescents
    Mais sans être innocents
    Mettons feu aux bien-pensants
    Pour raviver notre flamme

    Si nôtre amour est volé,
    Allons au musée main dans la main,
    L’y déposer avec les reliques de Martinique et d’art africain,
    Afin d’en attester son authenticité

    Pas de calme après la lutte
    Soulève ma jupe
    Glisses y ta tête
    Pour un aperçu du delta de la Têt

    Les gens sont malheureux
    A l’idée que nos jours heureux
    Soient volés par les racistes
    Comme si perdu yeux dans les yeux
    Nous voyions leurs slogans finis à la pisse

    Allez viens prends moi la main,
    Avançons vers notre destin,
    Et nos lendemains.

    La haine de ces malheureux
    Ne nous effleure pas dans l’intensité
    De nos moments à deux – ceux
    De deux factieux

    À ceux qui ont prédit pour nous deux
    Un avenir désastreux
    Laissez nos détracteurs,
    Nous sommes bien deux emmerdeurs.

    Pourquoi se tirer vers le bas ?
    Quand nous pouvons nous prendre dans nos bras ?

    Barbara Ferreres, 2024


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  • Doe maar – Heroine (English translation and lyrics/ songteksten)

    Doe Maar – Heroine / Heroin – Nederlandse songteksten / Dutch lyrics and english translation / english lyrics

    Doe Maar – Heroine songteksten

    Mijn God wat ben je veranderd
    Je bent dezelfde niet
    Je had zo’n mooie mond met tanden
    Daar is niks meer van over

    En dan die blik in je ogen
    Je kijkt wel maar je ziet niet
    Ik heb je altijd gemogen
    Ze vinden je een klootzak

    Heroïne godverdomme (*2)
    Heroïne is een vloek
    Heroïne godverdomme (*2)
    Heer o wie verdient dat

    Als jij alleen was op de wereld
    Nou dan kon ik er nog bij
    Maar heb het lef eens te beweren
    Dat er niemand naar je omkijkt

    Je belazert al je vrienden
    Verneukt je eigen lief
    Besteelt je moeder voor een tientje
    Als jij maar je sjot krijgt

    Heroïne godverdomme (*2)
    Heroïne is een vloek
    Heroïne godverdomme (*2)
    Heer o wie verdient dat

    Je zegt je zit in de zorgen
    Je bent een zielepiet
    En elke dag zeg jij weer: morgen
    Stop ik met die rotzooi

    Nou het is je eigen leven
    Je moet het zelf maar zien
    Maar ik zou er wat voor geven
    Als ik je weer eens lachen zag

    Heroïne godverdomme (*2)
    Heroïne is een vloek
    Heroïne godverdomme (*2)
    Heer o wie verdient dat

    See also: Doe Maar – Pa, Dutch lyrics and English translation

    Doe maar – Heroine (Heroin), English translation / English lyrics

    My god, you changed so much, you’re not who you used to be anymore
    You had such a beautiful mouth full of teeth, no one could tell now,
    The light in your eyes is gone, you’re looking but not seeing anything anymore
    I’ve always liked you, they thought you were a cunt

    Heroine goddammit (*2)
    Heroine is a curse
    Heroine goddammit (*2)
    Heroine,who deserves this?

    You acted like no one cared, when I was here by your side,
    And now you have the audacity to say no one looked up to you
    You messed up with all your friends, screwed up your only love,
    Would steal change from your mom if it meant getting your shot,

    You said you’re in trouble, you’re a drama queen
    And everyday you repeat « tomorrow I’m stopping with this shit »
    Girl/boy, it’s your own life, you need to realise that
    But what wouldn’t I give to see you smile again

    Doe Maar, Heroin, all rights reserved for the band Doe Maar, album 4us, 1983. Barbara Ferreres, 2024, all rights reserved for the current English Translation


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    Se construire en creux

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    Se construire en creux

    Tendances autodestructrices
    « C’est l’apanage des artistes »
    Je ne suis pas une grande autrice
    Mais j’ai, comme les plus grand, ce vice
    D’être une consommatrice

    Nous sommes tous consommateurs
    Le capitalisme à remis toutes nos horloges à l’heure
    Mais si dans les paradis artificiels je m’oublie
    Si j’essaie de me retrouver dans les paniers remplis

    C’est que je suis pleine de vide
    Je crois que j’ai été construit en creux

    Dans un corps qui a tout d’humain
    On a mis un cerveau qui n’aspire pas au lendemain.


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    Manque et Lamentations (Barbara Ferreres)

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    Manque et Lamentations (Barbara Ferreres)

    Le temps d’un message, j’ai envie, de croire aux mirages ! Que le futur ne soit pas que de passage… Qu’en guide il me partage, comment prendre le large. Ma requête énoncée tout haut, son absurdité me frappe… Une claque au visage, pour celle à qui fut promis, une surveillance renforcée ! Je me demande, accoudée au grillage d’un balcon changé en cage, si jamais, je quitterai ces rivages ?

    Je voulais lancer à mes amis une tirade, à eux, qui ne connaissent rien de cette rage, de n’être toujours que l’objet de mascarades ! De ces gens qui confondent avoir avec un désir d’amitié, ceux pour qui elle n’est qu’un acte de charité, forcée, par un divin ouvrage !

    (extrait pour l’accueil)

    Manques et lamentations 

     

    I

     

    Le temps d’un message
    J’ai envie de croire aux mirages,
    Que le futur ne soit pas que de passage,
    Qu’en guide il me partage, 
    Comment prendre le large.

     

    Ma requête énoncée
    Tout haut, son absurdité 
    Me frappe !  Une claque au visage,
    Pour  qui a été promis une surveillance renforcée,
    Je me demande, accoudée au grillage
    D’un balcon changé en cage,
    Si jamais, je quitterai ces rivages.

     

    Je voulais lancer à mes amis une tirade,
    Eux qui ne connaissent rien de cette rage,
    De n’être toujours que l’objet de mascarades
    De gens confondent avoir pitié
    Et désir d’amitié,
    Ceux pour qui elle n’est qu’un acte de charité
    Forcée par un divin ouvrage.

     

    Si mes mots sont impuissants à crier leur lacheté,
    Parce que je suis sage,
    Pour eux je me ferais tornade, 
    Qu’ils voient que mon auto-sabotage, 
    Les préserve de mes envies de carnage.

     

    Alors que l’air commençait à frémir, 
    Mon sang à bouillir, 
    Mon double que j’admire,
    M’a dit, « j’ai lu ton message,
    Mon amour pour toi, n’est pas un mirage,
    Je veux t’inclure dans mon avenir, 
    Mais pour que ma chaleur puisse te parvenir, 
    Il faut t’abstenir, 
    Elle ne saurait sinon te guérir,
    Céder à ta pulsion de tout détruire, 
    Nous forcerait à te voir mourir,
    Nous qui pourrions te guider au-delà de l’orage ».

     

     

    II

     

    Je ne suis qu’une incapable, 
    Bonne qu’à crier aux autres d’aller au diable
    Poussée par la souffrance innommable, 
    D’un cerveau qui n’est pas fiable, 



    Tout ce dont je suis capable, 
    C’est de m’abreuver d’un bonheur non-potable :
    Cette joie palpable en solution injectable,
    Nourrit mes démons à n’en plus finir.
    Je n’ai pas réussi à les bannir, 
    Alors pourquoi, les proches aimants, 
    Transformés en démons par mon cerveau dément, 
    Continuent-ils de m’accueillir ?

     

    Comment mon double arrive-t-il à faire luire,
    Les rayons du soleil dans le brouillard de mes délires ? 
    Pour continuer de vivre, 
    Je suis heureuse qu’elle ait réussi à me retenir, 
    D’avoir pu m’abstenir,
    Pour garder un abri où fuir,
    Quand il me semble trop difficile de vivre.

     

     

    III

     

    Peu importe la vérité, 
    De savoir l’après de quand nos émotions ont éclaté, 
    Les liens se font et se défont.
    Je saurais plus tard ce qu’il en est,
    Avec le temps resteront les liens profonds,
    Je dois aujourd’hui juste me protéger,
    Afin que mes sauveurs ne me deviennent jamais étrangers. 

     

    Après avoir tout sabordé,
    Il ne reste que les yeux pour pleurer…
    Et peut être un peu de volonté
    Pour redonner un peu de doré,
    Aux objets si chers que l’on a ruiné,
    Essayer de montrer aux gardiens de mon essence,
    Que je peux devenir digne de confiance, 
    En ne laissant pas les nuisances, 
    Dicter mon existence. 
    Assez du manque et des lamentations,
    Je vais les laisser me guider vers ma floraison !

     

    Barbara Ferreres
    Bébé poète et gribouilleuse de mots
    2023-2025, pour Manque et lamentations 
    Écrit en décembre 2023 à Mittelhausbergen (67206, Bas-Rhin, Alsace, France)
    Photographie : Barbara Ferreres, 2023
    Photo prise le 15 Décembre 2023 sur la route entre Oberhausbergen (67205, Bas-Rhin, Alsace, France) et Mittelhausbergen (67206, Bas-Rhin, Alsace, France)
    Appareil photo: Fujifilm xs10 
    Publié en Juillet 2023 à Sainte-Marie-la-Mer (66470, Languedoc-Roussillon, Occitanie, France) 
    Réécriture et publication le 25 Mars 2025 à Sainte-Marie-la-Mer (66470, Languedoc-Roussillon, Occitanie, France) 

     

    Manque et lamentations – le mot de l’autrice.

     

    Manque et lamentations, pour dire quoi ?

    Avec Manque et lamentations, j’ai voulu faire un poème sur l’amitié toxique et l’abus de faiblesse des recruteurs religieux, les pertes d’amitiés liées, les troubles de l’humeur et de la paranoïa qui découlent du trouble borderline et de l’addiction aux opiacés de l’autrice, qui doit parfois écouter son « double » (sa soeur) et sa famille pour se sortir de ses pulsions auto-destructrices et de sa consommation pour fleurir. D’où le titre « manque et lamentations ». 

     

    Écrit pendant mon errance Alsacienne, pendant une nuit blanche dictée par la poésie et l’amertume de ma chambre de Mittelhausbergen (67206, Bas-Rhin, Alsace, France), j’ai mis en ligne ce texte lors de mon retour à Perpignan, car il fait référence à des événements s’étant déroulés localement. Ou plus précisément Sainte-Marie-la-Mer (66470 – Languedoc Roussillon, Occitanie, France) après un séjour à la clinique psychiatrique du pré à Théza, et un retour raté à mon ancienne vie quotidienne à Montpellier (Héraut, Occitanie, France), où mes seules amis avaient rejoint une église protestante au comportement proche d’une secte (confirmé par un assistant social), et ne me voyaient plus que dans un cadre de conversion ou religieux, par acte de charité chrétienne hypocrite qui a été admis. J’y avais vécu avant d’autres ruptures avec mes amis de lycée et d’université, mon petit ami, et avait une amitié toxique (faute à personne) avec d’autres patients de la clinique qui se battaient eux aussi avec leur ptsd, trauma, trouble borderline, bipolaire et envies suicidaires handicapantes. Tout le monde a été blessé, mais j’ai décidé de garder ce texte et de le remasteriser pour montrer à quel point le « shift » (changement brutal de perception) lié au trouble borderline, l’isolement, et l’addiction aux opiacés, ainsi que l’autisme, le TDAH, bref la neuroatypie et d’autres troubles mentaux (pour certaines des personnes) pouvaient tromper notre perception, nous mettre dans le flou,  nous rendre négatif voir auto-destructeurs, mais que cet état d’esprit était aussi toxique pour nous que pour les gens qui nous entourent si aucun protocole n’est mis en place pour gérer les crises. 

     

    Ce qui m’a permis de pouvoir tenir assez longtemps pour publier ce texte et avoir un support pour le faire, c’est d’avoir mis en place un protocole avec mes proches qui savent que mon borderline me rend sujette à des crises suffisamment violentes et traumatisantes envers eux pour que je les oublie et m’en traumatise moi-même, mais eux aussi. En parler en toute honnêteté sans culpabiliser et laisser de la place pour que tout le monde puisse s’exprimer, c’est important pour arriver à conserver des liens en ayant un trouble de la personnalité. Même en se faisant soigner, en ayant des anti-psychotiques ou autres médicaments de secours pour calmer les crises destructrices, garder le silence sur le vécu de la personne qui vit son trouble et comment ses proches le ressente empêche, à mon sens, d’établir des règles ou des « protocoles » de gestion qui demandent une implication et une compréhension des deux partis pour limiter les crises et les dommages. J’ai fait beaucoup de mal et perdu beaucoup d’amis en ne sachant pas ce que j’avais donc en n’arrivant pas à le prévenir ni à le gérer. De tels troubles de la personnalité (cluster 2) sont assez durs à diagnostiquer, surtout quand ils apparaissent (comme dans mon cas ou d’autres connaissances) en lien avec un traumatisme assez violent pour générer un trouble post-traumatique (PTSD ou CPTSD chez moi). 

     

    De nos voix comme un cri vital – psychiatrisés, handicapés, toxicomanes, créons !

     

    Tout comme mon addiction, j’ai conscience qu’il faut en tant qu’addicts et consommateurs se ressaisir de la narration de notre trouble, aussi bien pour nous-mêmes que pour nos amis, proches, famille, et aidants, mais aussi pour les professionnels du milieu, afin de dépasser les clichés et les idées pré-conçues, partagées parfois comme des organismes que je juge négatifs comme narcotiques anonymes dont je me permettrait de parler dans le blog. L’addiction, la toxicomanie, isolent et causent une souffrance pour nous même et nos proches dont il est difficile de parler. Néanmoins, je pense qu’en essayant de le comprendre comme un symptôme d’une maladie plus large comme c’est parfois le cas, et d’arrêter de stigmatiser, qu’une meilleure prise en charge sera possible, en nous permettant de ne pas avoir à dire adieu à nos familles, amis, emplois.

     

    J’ai conscience que cela ressort maladroitement de ce que j’ai pu écrire, mais je pense que les voix des personnes psychiatrisés, anti-psychiatrie, qui sont passées par les institutions, la marginalisation, sont importantes. Parler de notre souffrance à la première personne, pour ne pas laisser aux valides le monopole, pour ceux qui ont les moyens de le faire, est plus important que nous le pensons. Si l’on m’a déjà dit, qu’on était soulagé de lire ce que je vivais et que nous malades ou différents n’étions pas seuls, pas fous, sauf si comme moi vous vous fichez de votre folie, parce que je sais que pouvoir écrire sur mes troubles et mon addiction à visage découvert est un privilège…  J’ai voulu parler de ma souffrance et je dois admettre qu’aujourd’hui je suis assez rétablie pour parler de ce que je perçois avoir fait aux autres, mais je ne pense pas que le discours sur les conséquences sur l’entourage de la personne ne doive totalement être effacé, bien qu’il ne devrait pas consituer la majorité de ce qui est aujourd’hui disponible, contribuant au validisme et aux discriminations que nous subissons.

    Je sais que nous ne pouvons pas tous écrire ou que nous ne pensons pas tout avoir quelque chose à dire, mais je suis toujours ouverte pour les zines et autres.

     

    Troubles psys, addictions, faites vous aidez ! Ne restez pas seuls, ou venez en parler.

     

    Si vous avez besoin d’aide de manière urgente, appelez le 15, votre CSAPA local (addictions). Si vous avez besoin de parler ou d’échanger, n’hésitez pas à me contacter ou à vous rendre sur des espaces comme le forum psychoactif. De nombreux comptes instagram, mastodon et bluesky ont aussi pour objectif de dé-stigmatiser le handicap invisible/mental et les maladies/conditions dont nous sommes victimes qui sont encore trop taboues. Si vous le pouvez, parlez, écrivez, dessinez, chantez, composez, nos voix comptent ! 

     

    La photographie d’illustration par la photographe

    Flou artistique feux de voiture à Oberhausbergen (Alsace, Bas-Rhin, 67205)

     

    La période de ma gestation artistique et créatrice en Alsace (littéralement, avec un séjour de neuf mois seulement, malheureusement) a été marquée par la photographie, l’écriture (poétique, surtout), et l’errance, de manière littérale et figurée. J’ai erré dans les rues d’Oberhausbergen, Mittelhausbergen, Pfulgrishiem, Mundolsheim, Strasbourg… J’avoue que j’aime beaucoup cette région, bien que je ne pense pas pouvoir y retourner à cause de ma difficulté à sociabiliser avec les habitants en dehors de mes collocations, et du prix des loyers… J’en ai marre de ne plus avoir de chez moi. Cela dit, ça me brise le coeur, car je trouvais tout tellement beau que malgré la difficulté à faire soigner mon addiction aux opiacés, mes troubles et crises ingérables et mes problèmes d’emploi, c’est vraiment un des séjours loin de chez moi que j’ai préféré – je ne sais pas si je pourrais un jour vraiment savourer le sud « occitanie » et du bord de mer autrement qu’en tant que vacancières. À l’époque je me définissais totalement dans le flou (c’est d’ailleurs l’époque où j’ai lancée ce blog) et je trouve qu’elle représente bien cela. Si je n’avais pas déambulé pendant des heures sur ce chemin, comme sur beaucoup d’autres lieux que j’ai hanté par mon errance, je ne suis pas sûre que j’aurais pu retrouver que le cliché avait été pris à Oberhausbergen ou Mittelhausbergen. Ce sont des villages adorables dans lesquels j’aurais adoré m’installer. 

     

    Pendant que tombe la pluie, je continuerai de chanter. 
    Barbara Ferreres – Tombelapluie
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