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  • The train traveler (la voyageuse du train) – photodiary #1

    Photographies de mes voyages en transports en commun, notamment le train, bus et tramways (ter occitanie, tgv inoui sncf, cts Strasbourg, Brussels, Leiden station, arriva nederland), avion (KLM)

    Barbara Ferreres – Copyright 2019-2021


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  • Fantômes, célébrons l’anniversaire de ma mort (de l’addiction aux opiacés et le vécu d’une overdose)

    Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma mort. On m’a dénié mon statut de morte, parce que mon cœur bat dans ma poitrine. En vérité, c’est plus simple pour la société de prétendre que ma mort n’a jamais existé. Eux n’entendent pas, le soir, leur mère sangloter.

    En tant qu’amoureuse des opiacés, de « junkie » même si certains n’aiment pas ce mot, j’en ai ma claque de l’image que ça renvoie, du mode de vie. Déjà ; ce n’est pas glamour. Demander de l’argent à tout le monde, c’est humiliant. Il y’a le mépris de la famille, les mêmes qui font des punks héroïnomanes leurs héros. Dans la sphère familiale et sociale, j’existe entre deux impératifs : « être clean » (sans aide, bien sûr, bien), ou « pas clean » (pas bien, sans aide, bien sûr). Tandis que l’héro m’apaise plus que les antipsychotiques « tu as meilleure mine » « tu es allée tellement loin » et que je n’arrêterais pas si mon porte-monnaie pouvait le supporter. Et encore.

    Je n’ai pas le bon profil pour le junkie. Tous mes médecins n’ont jamais pris mes problèmes d’addiction au sérieux – après mon overdose il y a un an, quand je vomissais mes tripes à l’hôpital psychiatrique où en m’avait envoyé, faute de savoir quoi faire de cette étrangeté. Plus de neuf mois plus tard je n’ai pas de traitement, parce qu’on ne m’a pas écouté. Paie son loyer. Vêtements propres. Société fauchée. Société pressée. Asceptisée.  Débrouille-toi la débauchée 

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  • Rendez vous chez l’addictologue

    « Est-ce que vous ne pourriez pas en profiter pour prendre un moment pour prendre soin de vous et guérir ? » me demande l’assistant social avant de m’écouter inutilement radoter ma motivation pendant le bref temps qu’il a à m’accorder. Faute de bonne gestion de budget, il se retrouve aussi psychologue. Il a quelque chose de froid et stérile; derrière une silhouette ronde aux couleurs chaudes se cache la lame acérée du scalpel social, qui découpe et trie pour me mettre dans la case des junkies trop déprimés pour fonctionner. Encore une fois. Le moment le plus agréable, dans ces rendez-vous, c’est la salle d’attente, avec un chat qui semble m’aimer autant que le mien. Je le dévore des caresses dont je suis privée.

    La porte claquée je me retrouve seule avec la réalisation grandissante que l’échec que tout le monde attendait est arrivé. Pendant le rendez-vous, il a commencé à pleuvoir : les cyclistes portent des capes fluo et les rares passants des doudounes dont la capuche serrée crie au supplice. Tandis que j’avance vers le tram la pluie s’intensifie, je déteste le putain de cliché littéraire qu’est ma vie. Mes sacs m’empêchent de prendre mon parapluie, et mon écharpe se glisse lentement vers mes pieds, battant déjà de sa laine humide mes chevilles. L’arrivée à l’arrêt République se fait comme un bain de foule, je me surprends à avoir oublié que qu’à ses heures la vie reprend et Strasbourg se pare de ses airs de grande villes aux transports débordants. Le trajet est incomfortable et humide.

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  • Septembre 2023 – Dernier Ter Montpellier-Perpignan avant longtemps

    Je regarde le lac de leucate et je suis triste à crever.
    Je n’arrive pas à réaliser que je vais m’en aller. J’ai l’impression que je vais en crever. Que c’est pas possible que je retourne loin de tout ça.
    Avant, j’étais à Montpellier, mais c’est de la triche, c’est pas vraiment loin.
    Je repense à papa et ses histoires de pension comme si j’avais besoin de ça. Comme si je galerais déjà pas assez sans ça. Il faut qu’il rajoute sa touche. Je sais que c’est juste, mais ça m’emmerde.

    Je voudrais rester en Provence avec mes amis et ma sœur. Je suis toujours si loin. J’ai l’impression qu’ils se rapprochent et que je les perds. J’y ai contribué. Mais j’aimerais continuer de regarder avec eux la voie lactée. Il me semble injuste que les gens qui comptent dans ma vie soient tous loin de moi.
    Je regarde les Corbières et les Pyrénées, basses, avec leurs contours bien arrondis. Je repense à mon arrivée somnolée dans les Alpes escarpées. Tiffany qui me dit que ça sent la maison pendant que je me laisse bercer par le ronron du moteur. Je me rappelle avoir demandé pourquoi. C’est parce que les Alpes sont des millions d’années plus jeunes. Regarde, on voit encore les strates, et le dessus qui s’est cassé la gueule, rigole selena, au volant depuis Strasbourg. J’essaie d’imaginer les Pyrénées en train de pousser, détruisant tout sur leur passage, d’un coup comme une éruption. J’ai demandé si ça se passait comme une catastrophe naturelle. On m’a parlé d’endroit de friction des plaques, le truc niveau 4e, mais au final je n’ ai pas compris si l’avènement des montagnes que j’aime aujourd’hui s’est fait dans un désastre.

    A Port la Nouvelle, je vois cette infrastructure de béton moche qui m’avait tant impressionnée mon premier soir de voyage seule, dans le train de 17h17, que je n’ai plus jamais repris parce

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  • 01/08/2023 / 02/08/2023 – Vomir dans le Thalys Paris-Belgique / Chez moi on parle Néerlandais

    J’ai la tête vide. Quand je dis ça, vous pensez à un grand carré blanc où à un grand carré noir ? C’est comme l’analogie du verre, sauf que le mien est tout le temps noir.

    C’est vide de plein. Trop plein. Mais parfois ça déborde pas, alors toutes les interactions extérieures ricochent comme d’autant de pierres lancées lancées et la souffrance inévitablevroummmmmmmmmm
                       mmmmmmmmmm
                                  mmmmmmmmmmmm
                                                         //tlanch!
    brbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrbrtututrrrrrrrrbrrrrrr[inintéligible]

    Et moi j’espère que vienne le silence de mes sens. Mes yeux sont fatigués, ils ne demandent qu’à se fermer. Ma mâchoire serrée. Peut-être que je vais casser toutes mes dents si j’augmente la pression.

    Les minutes les plus longues sont les attentes fatiguées, les cinq dernières avant qu’arrive la fin d’un cours où ce maudit bus, celles pendant lesquelles on t’empêche de raccrocher ton tel ou de partir de chez ton pote relou ET les quelques minutes qui séparent l’obtention de la drogue de son achat. Einstein avait raison quand il parlait de la relativité du temps parce que la c’est toutes les époques qui se déroulent en même temps.

    J’ai les mains et la mâchoire toujours serrées.

    Le bus ça me détend. A part ma maman. On a pas la même rythme. Je me sens chez moi. Un pays entre deux. Mais lui-même. C’est tout à fait moi.
    On descend à Kalenbergstraat. Mais d’abord je dors.

    On a pas joué à un jeu. Touriste, pas touriste. Je pense que j’ai gagné mais on ne saura jamais. C’est pas comme si on était allées leur demander. C’est comme la maison. J’ai inventé tellement d’hypothèses sur la vie de notre hôte basées sur mes observations et ce qu’elle nous a indiqué. J’ai demandé à ma mère qui semblait fatiguée, bha non, c’est des observations, tu fais ça tout le temps aussi non ? Parfois. Oui mais tout le temps ? Elle non.

    Je suis fatiguée et pourtant il faut que je me saigne les veines ici pour pas mourir. Maman a dit qu’elle prendrait bien une douche. Ça a l’air reposant, une douche. J’en prendrais bien une si je ne devais pas écrire. C’est aussi une douche, mais sans nier le côté sensuel de l’écriture, face au ruissellement de l’eau chaude sur la peau, relaxant les muscles meurtris par une longue journée de marche y’a pas photo.

    On est descendues du bus et avons rejoint Dilbeek par un petit chemin et maman a sir que c’était agréable de pouvoir sentir l’odeur de l’humus et voir la verdure parce que chez nous il faut aller en forêt pour avoir ça. J’ai pensé que chez moi c’était normal, parce que chez moi on parle néerlandais. Mais je pense que elle aussi elle n’habite pas chez elle. On a grandi pendant qu’elle nous parlait d’ailleurs. Alors parfois je pense qu’on est deux SDF de cœur sous un même toit. On a retrouvé un refuge où il était possible de survivre. On est de la mauvaise herbe, ce qui reste quand le reste a fané. Mais ce n’est pas parce qu’une plante est là qu’elle s’épanouit. Parfois je regarde le caoutchoutier dans la salle de bain, avec sa feuille unique tendue vers la lumière, et je me dis que je partage avec lui quelque chose de plus qu’humain. 

    J’ai allumé ma clope sur le retour et le nonchalant ciel mitigé est tout d’un coup devenu très chalant et nous a accueilli ma mère, mes achats et mes clopes (le journal est mouillé) sous les trombes d’eau. En Belgique, tout est si lent est relaxant. J’ai dit à mon hôte que tout était tranquille, ou alors, c’était elle je ne sais plus, et l’une de nous deux a acquiescé. Le sujet était clos et sur ce nous sommes rentrées. Maman a peur de me déconcentrer mais l’on ne peut qu’accompagner quelqu’un qui vomit. Car c’est de ça qu’il s’agit. De diarrhée verbale, depuis hier. C’est l’air du Nord qui me rend mes sens . Peut-être aurais-je été un génie si j’étais née à Norveje. Mais je suis née à Dijon et je n’ai pour moi que la moutarde. C’est déjà pas mal. Je serais déjà morte sans ma saloperie de mauvais caractère.
    Nous avons écrasés nos mégots au même endroit et nous nous sommes silencieusement glissées dans nos chambres. Deux réalités bien distinctes qui se croisent et se côtoient tous les jours mais ont été condamnées à ne plus jamais être mêlées quand le Docteur a coupé le cordon ombilical.

    Au moment de prendre soin de moi je veux me peindre (j’ai écrit me pendre et barré, lapsus ?) de rouge, devenir un zèbre humain. Paint it red. Red of love. Paint of blood. Ça tombe bien l’amour j’en ai pour tout le monde mais pas moi. Je veux être belle. Je veux être mince. Je veux être le pendant entre la mort et la vie car c’est ce que je ressens au fond. Je suis déjà loin des gens, contagieuse comme une sorte de zombie. Je suis en marge.

     

     

    C’est mon nouveau normal.

    Le matin est tombé comme toujours. Avec l’humidité il fait froid le matin. Aucune motivation pour sortir. Rester dedans profiter du mauvais temps, maman a dit qu’elle faisait ça, mais chez elle. Mais ici moi je suis chez moi.

    Ici le temps se prête à rester chez soi. Gezellig. Ça me manquait le thé avec le ciel gris comme couverture.


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