Écrits pour jours de pluie – Barbara Ferreres

Auteure, poète et photographe, Sainte Marie la Mer (66140)

Ecrits

  • Strasbourg tu m’as saoulé

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    Strasbourg tu m’as saoulé

    Strasbourg tu m’as saoulée,
    Jme casse
    T’es toujours grisée,
    Mais t’as l’alcool mauvais
    Toujours sur mon épaule à chialer
    Mais pas foutue d’évoluer
    Jme casse

    Il est temps de divorcer
    Tu te veux progressiste
    Mais t’es juste un gros nid de racistes
    Jme casse

    Soi-disant qu’à Hautepierre
    J’allais me faire fracasser à coup d’pierres,
    Mais vous êtes si plein de clichés,
    Qu’c’est le seul endroit où les voisins me saluent
    Pendant qu’ailleurs leur regard m’tue
    Jme casse

    De la Seconde Guerre Mondiale
    Strasbourg n’a pas rangé les armes
    Les larmes de rage coulent toujours
    Avec la langue comme seule recours
    Je retourne à la résistance
    Dont on reconnaît la présence

    Vous vous voulez progressistes
    Mais c’est qu’un gros nid de racistes
    La seule vie du noir du soir c’est l’eau de vie
    Versée par les antiracistes
    Qui cognent comme la gnôle
    C’est pas pour deux attaques de fâchos
    Et un politique vélo
    Que vous êtes de vrais gochos
    Jme casse

    Car quitte à ça jpréfère me manger le cagnard
    Et me casser autre part,
    Aller emmerder les fachos,
    Là où il fait chaud

    Strasbourg t’es tellement coincée,
    Que même les étrangers veulent pas rester
    Y’a que des champs et des bois
    Tout ça m’a l’air de bien brûler,
    Mais flemme d’affronter l’Office forestier

    Quitte à avoir la gueule de bois,
    Et pouvoir faire feu de tous bois,
    C’est à Alliot que je vais aller faire des doigts

    Strasbourg t’as l’alcool mauvais
    T’as dézingué la soirée
    À insister que t’es pas bourée
    Le rapprochement France-Allemagne c’est la fumée
    Des cigarettes que les écolos de soirée
    Sont pas foutus d’jeter au cendar
    Tu parles d’un étendard !

    Strasbourg t’es pas la voix de la raison,
    Arrête de vouloir faire la l’çon
    T’auras l’air moins con

    Et pas besoin d’un putain de Tramway
    Pour un cancer meilleur marché
    J’irais par les Pyrénées
    Hommage à ma lignée,
    De ton brouillard plein de tocard jme barre
    Comme tous ceux qui sont pas trop cons
    Chez moi quand on me saoule c’est au Ricard

    En cadeau d’eau revoir,
    Je brûle tout par cette chanson,
    Même les oiseaux de ton blason,
    N’aiment pas ta région

    Comme eux sans regrets
    Jme casse
    Strasbourg tu m’as saoulé
    Ce sera sans moi pour décuver,
    Car oui Strasbourg tu m’as donné ta boue 
    Moi moi je n’fais pas de l’or 
    J’te la jette juste à la gueule plus fort 
    En criant
    « Jme casse ! »

    Barbara Ferreres, 2024


  • Nathalie Vialaneix, Outre Noir – Quand la fiction disséque mieux la psychiatrisation que ses gardiens de zonzon

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    Nathalie Vialaneix, Outre Noir – Quand la fiction disséque mieux la psychiatrisation que ses gardiens de zonzon

    « […]j’avais été dissolue dans le On; j’avais cherché l’Ailleurs en moi, ma forteresse demeurait vide; j’avais appelé l’Exterieur en l’autre, je n’avais jamais regardé sa binette. Je mutais le Tout en Même prise dans un désir de reconnaissance ».

    Dur à croire que ce roman atypique, d’autant par son style aussi confus et cru que les personnages et le lieu qu’il décrit, soit l’œuvre d’un auteur sans connaissance empirique de l’enfermement en tant que patient en milieu psychiatrique ! Est-ce que l’intensité de la visite de Nathalie Vialaneix ne lui aurait donné le don de lucidité pour déchiffré les jeux d’opacité et de dominations qui se jouent en ces lieux fermés, éloignés, comme cet ouvrage qui a mon regard aimanté dans cette précieuse librairie poussiéreuse du centre ville d’Albi où les comptes se font encore à la main ?

    La gravité de mes troubles n’est pas comparables à ceux de la narratrice, Juliette. Mais, habituée à être institutionnalisée, j’ai reconnu dans sa quête celle de mes jours les plus noirs- Outre-Noir ?

    Telle une âme reposant le Festin Nu de Burroughs après que personne ne l’ait prévenue, certains se diront que cet ouvrage est un bien long naufrage – 171 pages – dont l’équipage du sens se remarque dans une semblance d’absence. Mais pour vous dire la vérité, je me suis reconnue dans cette absurdité. Certaines sensibilités politiques apprécieront les parallèles entre les discours de Nicolas Sarkozy – le livre a été publié en 2011 – et la Ferme aux Animaux de George Orwell. Qu’il est triste que je les trouve toujours d’une pertinence isolante près d’un an après ma première écriture de cette review en 2023. Je ne saurais dire ce que Vialaneix écrirait aujourd’hui, tant il me semble que la folie se fait plus commune en dehors des hôpitaux feutrés où les braves gens se rassurent de la savoir enfermée.

    Pour être honnête, j’aurais bien du mal à résumer cet ouvrage-mais le sens se trouve ici, *a mon sens*, outre le noir de l’encre et des idées des ces « frappés » coincés en huis-clos, les gardes n’étant pas plus sains que les gardés, miroir kafkaien de la survie en psychiatrie, des deux côtés. Il est drôle que ce soit lors de mes internements terminés, en cherchant un ouvrage pour mon amie néerlandaise qui étudie le français, que je sois tombée sur cet ovni, une pépite d’or dans l’étagère qu’elle savait que j’achèterai dès qu’elle l’eût feuilleté. « Ça te ressemble bien, c’est expérimental »- assamblage du plus ou moins mon statut médical.

    Si les rapports de domination et la signification de ce que peu cherchent encore à comprendre apparaissent dans le plus clair de leur confusion sous l’éclairage blanchâtre et le scalpel qu’est l’encre noire de l’autrice Nathalie Vialaneix, c’est sans doute car elle n’a pas, à ma connaissance, passé trop de temps emprisonnée dans l’institution qu’est la psychiatrie. Psychologue, enseignante et collaboratrice pour la revue X-Alta, elle a brillamment réussi à s’investir des marges- une tâche noire dans la marginalisation qu’entrainent les troubles psychiatriques sévères- sans pour autant se porter en figure de l’autrice « blouse blanche ».

    Il est impossible de nier que Vialaneix nous offre un aperçu de la folie douce, celle qui abrite de manière plus ou moins intermittente mais toujours permanente les centres psychiatriques sécurisés. Reste-t-il qu’avec Outre-Noir, c’est en tant qu’ecrivaine et non en tant que figure dominatrice de ces lieux hors de la matrice qu’elle analyse, construit, imagine, catalogue, et analogise les symptômes étudiés et observés pour leur donner vie sous la forme d’un trio qu’elle présente comme incompréhensible quand leur douleur, leurs peurs sont loin de l’être. Contrairement à beaucoup de médecins ou de patients, sa force est d’arriver à voir au delà de la structure, au delà de la folie particulière pour montrer une société en deçà. La forme fictionnelle vient ici appuyer un discours profondément vrai sur la direction vers laquelle notre réalité est en train de basculer.

    Les pathologisés en seraient- et je pense ainsi- les premiers touchés, car les plus fragilisés, les plus marginalisés. En choisissant de ne pas présenter son rôle médical, l’autrice se fait aussi marginale, rôle pointé du doigt par tous mais dont leur position en retrait les fait être les premiers touchés des failles de notre société.

    Nathalie Vialaneix a beau être une des médecins ou psychologues qui arpentent seuls en hommes libres ces prisons qui ne se disent pas, elle est en tant qu’autrice une des rares figures que j’ai vu ces dernières années montrer et dénoncer l’institution psychiatrique- le nid de coucou – dans ce que beaucoup de patients sentent sans oser le dire : une garderie sous haute sécurité pour des gens qu’on ne peut que contrôler faute de savoir les soigner. Contrairement à beaucoup de médecins ou de patients racontant leur expérience, elle est allée outre le noir de leurs espoirs pour montrer celui dans lequel on nous plonge sans notre savoir, mais nous laisse apercevoir le milieu carcéral qui attendent tous ceux que l’on désigne atteint de la folie, discrète référence à Foucault, un « Roman d’anticipation » selon Babelio. Un chapeau bas et un succès dans sa crue réalité, preuve en est : comme du secteur des aliénés, il est édité sans qu’on en entende parler.

    Barbara Ferreres, tous droits réservés

    Nathalie Vialaneix, Outre noir, éditions Sulliver, 2011

    Publié sur Babelio, Goodreads et Gleeph en version abrégée

    *zonzon = prison


  • Luba Jurgenson, Sortir de chez soi – Une lettre d’amour aux écrivains passeurs des textes Autres

    Luba Jurgenson, Sortir de chez soi – Une lettre d’amour aux écrivains passeurs des textes Autres

    Sortir de chez soi est un long poème qui se fait à la fois lettre d’amour, aperçu du quotidien de traducteur, de à la pratique quotidienne de langues étrangères et de la traduction. Il nous immerge de manière intime dans leur naturel suintement dans l’écriture personnelle de l’autrice, et invite à se questionner sur les manières de parler (de ces langues qui nous sont autres) et le voyage culturel qu’implique nécessairement ces « sorties de chez soi » que lecteur et traducteur fait quotidiennement sans y attarder de pensée, pour la plupart.

    La plume vive et rêveuse de Luba Jurgenson nous fait rentrer dans son expérience individuelle de la pratique de la traduction. Sans ôter le sérieux et l’aspect profondément intellectuel de cette discipline, c’est un sens de l’humour et une légèreté savamment dosés qu’elle nous invite dans les coulisses de cette discipline qui ne se dit qu’en petites lettres en couverture et bas de pages, quand bien même la poétique et le beau qui lui sont propre questionnent les hommes depuis aussi longtemps que les échanges entre cultures différentes se croisent et échangent, quitte à ramener le lecteur aux temps bibliques.

    J’avoue avoir acheté ce livre car je me reconnaissais dans le résumé, et il se peut qu’effectivement un transfert se soit fait de mon côté. Mais n’est-ce pas le signe d’une réflexion réussie ? Le propos, plein de sagesse et d’invitations à la réflexion, porte en sa forme quelque chose d’intime qui a mon sens s’y porte particulièrement. Pour l’autrice et traductrice amatrice que je suis, l’impression de vagabonder avec une figure du domaine établie dans ce domaine que je tâtonne seulement s’est fait l’occasion d’un rapprochement unique.

    A lire aussi 
    Nathalie Vialaneix, Outre Noir – Quand la fiction disséque mieux la psychiatrisation que ses gardiens de zonzon

    J’en ai surligné beaucoup de passages, qui sont pour moi autant d’invitations au voyage que j’espère modestement réinvestir pour grandir.

    Si je ne devais ne choisir qu’une citation de Luba Jurgenson, ce serait celle-ci : « Je (me) traduis pour entendre (mes) âmes parler entre elles ».

    Je recommande, évidemment. Ce genre de livre est d’autant plus vital que les maisons d’édition indépendantes comme La Contre Allée aux collections de plurielles et de qualité telles que Contrebande  – on voudrait tous les acheter – éclairent le paysage éditorial français avec leurs choix modernes, féministes et progressistes assumés. Qu’il fait du bien de découvrir autant d’autrices et de traductrices dans leur très soigné catalogue ! Cela fait du bien d’entendre des voix de femmes dans un métier où la crédibilité se conjugue encore trop souvent au masculin.

    Barbara Ferreres
    Posté sur Babelio, Goodreads et Gleeph en version abrégée


  • À la lumière des lamparos

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    À la lumière des lamparos

    Cette histoire d’un soir, 
    Est la matrice d’innombrables heures débauchées 
    D’un groupe de jeunes paumés 
    A deux pas de la mer méditerranée 
    La vie va les séparer,
    Gardez pour l’instant le secret;
    Leur innoncence intouchée est protégé,par les pécheurs aux lamparos 
    Dont lueur d’espoir trompeuse piège qui ne supporte par le noir.

    Chut..!
    C’est le moment où le silence immobile de la nuit 
    Pousse les maraudeurs saoulés par la chaleur de l’ivresse 
    À rechercher sa fraicheur 
    Du village à sa plage,
    Ils se font poissons migrateurs 
    Dont le bruit raisonne d’autant plus fort qu’il est interdit, 
    Comme un scintillement d’écailles qui les trahit. 

    Ils imitent sans le savoir, 
    La danse macabre des insectes et sardines happés par l’éclairage artificiel 
    Tournant autour d’un répertoire d’histoires perpétuel
    Dont la lumière du jour éclatera le superficiel. 

    Aux rues éclairées se succède des chemins noyés dans l’obscurité
    Des jets d’urines derrière les maisons voisines, couverts par leurs rires
    Les champs de Sainte-Marie se succèdent
    Jusqu’à ce que se fasse sentir l’odeur de salé typique de ces rivages familiers et pourtant incessamment recherchés
     Inconscient des ravages du temps, il se fait toujours plaisant,
    Où rien n’existe après vingt ans. 

    Les flashs des portables sont d’autant d’éclairs, 
    Absorbés par la mer, 
    Qu’il était alors important, de pouvoir toucher des pieds le plus longtemps 
    De pouvoir toucher par tous les temps

    Je pense le vague à l’âme, 
    Aux lamparos qu’on observait pêcher 
    Sur la côté catalane
    Aveuglés par l’alcool, la lune, les étoiles, et leurs lumières rondes
    On refaisait un monde 
    Où l’on pensait se voir toujours, 
    De nos affaires alors ensablées, 
    Tout s’est évaporé. 

    La tiédeur du sable me rendait mélancolique 
    Je les voyait courir au loin, n’entendant déjà plus leurs discussions
    Peut-être percevais je déjà tous les indices
    D’une séparation plus profonde que les filets 
    Qui permettaient au passé de ressurgir en sécurité;
    Tout comme les plantes et les trous que l’ont ne pouvait pas voir, 
    La lumière du soir les a fait plonger dans le noir,
    De ces sentiers empruntés en secret 
    Cachette de ces chats qui eux nous voyaient venir 
    Et qu’on faisait fuir. 

    Seules nous ramenaient à la réalité, les rares fenêtres allumées
    Et la fraicheur tempérée de la méditerranée
    Dont les marrées ne sauraient effacer, 
    Les traces laissées par les garçons qui se coursaient,
    Pendant que les plus sobres nous guidaient,
    Véritables moniteurs de centre aéré  
    Je repense à la fierté mal placée, de laisser certains grelotter
    Au nom de la perpétuation de la tradition
    De ces explorations menées en secret 
    Du jour, bien gardées. 

    Les flashs de nos téléphones sont autant d’éclairs, absorbés par la mer
    Dont l’impuissance face aux roseaux, à l’eau, au vent, 
    Se fait encre indélébile sur des vêtements
    Abandonnés depuis longtemps. 

    Oui, ces lampes aux jets balbutiants 
    Noyés dans la lumière lunaire, 
    Entouraient le noir 
    De mes espoirs réfractaires
    Adepte de son aveuglement, je me noies encore dans le nectar,
    Des nuits où l’on se couche trop tard, 
    Elle est le gardien d’un présent toujours vivant, 
    Aidant à guérir les fractures du ceux qui pour qui le présent se décline à contre-temps
    Et conjuguent sans faute le passé au futur.

    Le drapé du soir, troué d’autant d’étoiles, que de traces laissées par nos balles; 
    Laisse encore s’échapper nos rires étouffés,
    Il est autant la voile des souvenirs d’un jour, 
    Que la toile dressée en hommage,
    Aux déambulations de jeunesse qui n’a pas d’âge. 

    J’ai beau être moi revenue,
    Mais les lamparos, eux, ne sont jamais réapparus.

    Barbara Ferreres – à la lumière des lamparos 
    2024 tous droits réservés, 66470 Sainte Marie la Mer


  • Marco de San Francisco

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    Marco de San Francisco

    C’était sur une route nationale de Bretagne 
    Sur ce chemin désert, sa mini grise comme la campagne 
    La conduisait vers une longue histoire.

    Elle était jeune, brune, jolie, grisée, 
    Il était quatre heures du matin 
    La lumière de ses deux phares, noyée dans l’illumination d’une intersection
    Éclaire trois lascards, un groupe de tocards 
    Pas avare, elle se laissa faire par leurs pouces en l’air. 

    Il me dit moi j’ai toujours préféré les prénoms féminins qui finissent en -a 
    Tu vois comme pour Anne, moi je préfère Anna
    Sur un coup du hasard, est au volant Nadia 
    Il se dit qu’elle est plutôt jolie, qu’il la voudrait bien dans son lit, ou au moins contre lui. 
    Mais voilà, il y avait ce géant, 
    Un autre fou, 
    Son nom était Marco 
    Il venait de San Francisco 
    Blond, un personnage de film indescriptible 
    Trop grand pour la voiture miniature
    L’écho de leurs cris raisonnant 
    Couvre le moteur ronronnant 
    Elle calme ces espèces de tocards 
    Qui ont l’audace de se disputer, au lieu de monter !
    Finalement entassés, le grand répète avec son fort accent américain 
    Imité trente ans plus tard par les deux copains
    « Je suis marcow de San Franscicow » 
    Ils sont eux aussi grisés, par le destin 
    Les faisant ressortir dans le noir de la nuit. 

    « Je n’étais alors qu’à demi-folle », elle me dit
    « Mais lui, il était déjà complètement parti » 
    Dans cette mini, trop petite pour les contenir, 
    Le blond répète avec son accent américain son histoire : 
    Il se fait le Marco Polo des mythes celtiques.
    D’une nuit pour lui; 
    Mais qui allait devenir pour l’autre excentrique 
    Celui d’une vie. 

    Leur carrosse se dirige doucement vers un improbable château 
    Dont le géôlier, aimable comme une porte de prison, 
    Ne s’adresse à eux que par une petite grille
    Au niveau des yeux.
    Elle toise les quatre zonzons, leur bagnole, l’odeur de la gnôle, 
    « Qu’est-ce que vous voulez ? »
    Son ton vener exagère les voyelles comme des torgnoles. 
    Ils repartent avec des pizzas 
    À quatre heures du matin, au milieu de nulle part. 

    Marco est rentré à San Francisco, 
    Frédérique qui pour Nadia n’a plus la trique occupe maintenant la place avant sans concurrent 
    Pour eux deux ? C’est assez grand. 
    Elle est garée devant la maison, 
    Sur une des trois places, c’est la troisième qui s’y succède, 
    Confondue avec la grisaille
    De Strasbourg, où se sont croisés nos courts séjours. 
    C’est leur attelage, celui de leur folie, 
    Celui d’une vie, 
    Elle n’a pas pris une ride, 
    Mais tous ont augmenté leur kilométrage. 
    Elle se fait symbole, et nargue la hiérarchie stupide  
    Pui pensait par la distance les séparer
    Au nom de la conformité; 
    Et empêcher leurs retrouvailles… 
    Quelle blague !

    Dans le flot de vin nous trinquons 
    Au culot et à la vie 
    De ceux qui ne sont pas saint d’esprit. 

    Copyright Barbara Ferreres – 2024, Tous droits réservés, reproduction strictement interdite.