Il y’a de ça des années,
Un pays entier s’est vu intoxiqué
Et s’est battu
Pour un breuvage défendu2
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Je vois les rues de Montpellier et je repense à ces été passés sous le canard fracassants et le jacassement des cigales, et aux soirées avec toi. Il semble que quelque-chose sonne faux dans le Montpellier sans toi.
— Billet du 02/01/2024 que je revisite en le mettant en ligne, ce sont les signes d’ajout—
Ces nuits et ces jours passés dans l’agitation des cités étudiantes, des universités, Paul Valéry, où, couchée sur le lit, j’étais terrassée par la fatigue en avance à l’idée des journées chargées à venir. Je revois ces moments volés avec toi dans cette résidence où vous deux m’avez vus aux plus bas. Les trajets vers les deux endroits sont tellement ancrés que, bien que je ne sois plus résidente depuis des années, je me vois écraser ma cigarette pour refaire ces trajets familiers vers les arceaux ou voie do et rentrer me coucher sur ce lit pour passer le temps. C’est un étrange sentiment de savoir que je vais rentrer m’écraser dans un autre lit.
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Strasbourg tu m’as saouléSes chambres sont devenues l’image de ma vie étudiante, l’image universelle de mon indépendance et de ma jeunesse, même si je ne me vois pas retourner vivre à Montpellier. Y passer en visiteuse me rend nostalgique et me donne l’envie de rester, d’arpenter la faculté comme si rien n’avait changé. Ces endroits, je refuse qu’ils soient vide de moi. — Je me refusais que ces endroits soient vide de toi car tu les as rempli, mais en fait, je m’aperçois que c’est désormais plus ma solitude et l’effervescence de ma vie là-bas que ma vie avec toi qui me manque. Montpellier sans toi, je l’imagine parfaitement.
Copyright Barbara Ferreres, 2024
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Strasbourg tu m’as saoulée,
Jme casse
T’es toujours grisée,
Mais t’as l’alcool mauvais
Toujours sur mon épaule à chialer
Mais pas foutue d’évoluer
Jme casseIl est temps de divorcer
Tu te veux progressiste
Mais t’es juste un gros nid de racistes
Jme casseSoi-disant qu’à Hautepierre
J’allais me faire fracasser à coup d’pierres,
Mais vous êtes si plein de clichés,
Qu’c’est le seul endroit où les voisins me saluent
Pendant qu’ailleurs leur regard m’tue
Jme casseDe la Seconde Guerre Mondiale
Strasbourg n’a pas rangé les armes
Les larmes de rage coulent toujours
Avec la langue comme seule recours
Je retourne à la résistance
Dont on reconnaît la présenceVous vous voulez progressistes
Mais c’est qu’un gros nid de racistes
La seule vie du noir du soir c’est l’eau de vie
Versée par les antiracistes
Qui cognent comme la gnôle
C’est pas pour deux attaques de fâchos
Et un politique vélo
Que vous êtes de vrais gochos
Jme casseCar quitte à ça jpréfère me manger le cagnard
Et me casser autre part,
Aller emmerder les fachos,
Là où il fait chaudStrasbourg t’es tellement coincée,
Que même les étrangers veulent pas rester
Y’a que des champs et des bois
Tout ça m’a l’air de bien brûler,
Mais flemme d’affronter l’Office forestierQuitte à avoir la gueule de bois,
Et pouvoir faire feu de tous bois,
C’est à Alliot que je vais aller faire des doigtsStrasbourg t’as l’alcool mauvais
T’as dézingué la soirée
À insister que t’es pas bourée
Le rapprochement France-Allemagne c’est la fumée
Des cigarettes que les écolos de soirée
Sont pas foutus d’jeter au cendar
Tu parles d’un étendard !Strasbourg t’es pas la voix de la raison,
Arrête de vouloir faire la l’çon
T’auras l’air moins conEt pas besoin d’un putain de Tramway
Pour un cancer meilleur marché
J’irais par les Pyrénées
Hommage à ma lignée,
De ton brouillard plein de tocard jme barre
Comme tous ceux qui sont pas trop cons
Chez moi quand on me saoule c’est au RicardEn cadeau d’eau revoir,
Je brûle tout par cette chanson,
Même les oiseaux de ton blason,
N’aiment pas ta régionComme eux sans regrets
Jme casse
Strasbourg tu m’as saoulé
Ce sera sans moi pour décuver,
Car oui Strasbourg tu m’as donné ta boue
Moi moi je n’fais pas de l’or
J’te la jette juste à la gueule plus fort
En criant
« Jme casse ! »Barbara Ferreres, 2024
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Nathalie Vialaneix, Outre Noir – Quand la fiction disséque mieux la psychiatrisation que ses gardiens de zonzon
Barbara Ferreres
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« […]j’avais été dissolue dans le On; j’avais cherché l’Ailleurs en moi, ma forteresse demeurait vide; j’avais appelé l’Exterieur en l’autre, je n’avais jamais regardé sa binette. Je mutais le Tout en Même prise dans un désir de reconnaissance ».
Dur à croire que ce roman atypique, d’autant par son style aussi confus et cru que les personnages et le lieu qu’il décrit, soit l’œuvre d’un auteur sans connaissance empirique de l’enfermement en tant que patient en milieu psychiatrique ! Est-ce que l’intensité de la visite de Nathalie Vialaneix ne lui aurait donné le don de lucidité pour déchiffré les jeux d’opacité et de dominations qui se jouent en ces lieux fermés, éloignés, comme cet ouvrage qui a mon regard aimanté dans cette précieuse librairie poussiéreuse du centre ville d’Albi où les comptes se font encore à la main ?
La gravité de mes troubles n’est pas comparables à ceux de la narratrice, Juliette. Mais, habituée à être institutionnalisée, j’ai reconnu dans sa quête celle de mes jours les plus noirs- Outre-Noir ?
Telle une âme reposant le Festin Nu de Burroughs après que personne ne l’ait prévenue, certains se diront que cet ouvrage est un bien long naufrage – 171 pages – dont l’équipage du sens se remarque dans une semblance d’absence. Mais pour vous dire la vérité, je me suis reconnue dans cette absurdité. Certaines sensibilités politiques apprécieront les parallèles entre les discours de Nicolas Sarkozy – le livre a été publié en 2011 – et la Ferme aux Animaux de George Orwell. Qu’il est triste que je les trouve toujours d’une pertinence isolante près d’un an après ma première écriture de cette review en 2023. Je ne saurais dire ce que Vialaneix écrirait aujourd’hui, tant il me semble que la folie se fait plus commune en dehors des hôpitaux feutrés où les braves gens se rassurent de la savoir enfermée.
Pour être honnête, j’aurais bien du mal à résumer cet ouvrage-mais le sens se trouve ici, *a mon sens*, outre le noir de l’encre et des idées des ces « frappés » coincés en huis-clos, les gardes n’étant pas plus sains que les gardés, miroir kafkaien de la survie en psychiatrie, des deux côtés. Il est drôle que ce soit lors de mes internements terminés, en cherchant un ouvrage pour mon amie néerlandaise qui étudie le français, que je sois tombée sur cet ovni, une pépite d’or dans l’étagère qu’elle savait que j’achèterai dès qu’elle l’eût feuilleté. « Ça te ressemble bien, c’est expérimental »- assamblage du plus ou moins mon statut médical.
Si les rapports de domination et la signification de ce que peu cherchent encore à comprendre apparaissent dans le plus clair de leur confusion sous l’éclairage blanchâtre et le scalpel qu’est l’encre noire de l’autrice Nathalie Vialaneix, c’est sans doute car elle n’a pas, à ma connaissance, passé trop de temps emprisonnée dans l’institution qu’est la psychiatrie. Psychologue, enseignante et collaboratrice pour la revue X-Alta, elle a brillamment réussi à s’investir des marges- une tâche noire dans la marginalisation qu’entrainent les troubles psychiatriques sévères- sans pour autant se porter en figure de l’autrice « blouse blanche ».
Il est impossible de nier que Vialaneix nous offre un aperçu de la folie douce, celle qui abrite de manière plus ou moins intermittente mais toujours permanente les centres psychiatriques sécurisés. Reste-t-il qu’avec Outre-Noir, c’est en tant qu’ecrivaine et non en tant que figure dominatrice de ces lieux hors de la matrice qu’elle analyse, construit, imagine, catalogue, et analogise les symptômes étudiés et observés pour leur donner vie sous la forme d’un trio qu’elle présente comme incompréhensible quand leur douleur, leurs peurs sont loin de l’être. Contrairement à beaucoup de médecins ou de patients, sa force est d’arriver à voir au delà de la structure, au delà de la folie particulière pour montrer une société en deçà. La forme fictionnelle vient ici appuyer un discours profondément vrai sur la direction vers laquelle notre réalité est en train de basculer.
Les pathologisés en seraient- et je pense ainsi- les premiers touchés, car les plus fragilisés, les plus marginalisés. En choisissant de ne pas présenter son rôle médical, l’autrice se fait aussi marginale, rôle pointé du doigt par tous mais dont leur position en retrait les fait être les premiers touchés des failles de notre société.
Nathalie Vialaneix a beau être une des médecins ou psychologues qui arpentent seuls en hommes libres ces prisons qui ne se disent pas, elle est en tant qu’autrice une des rares figures que j’ai vu ces dernières années montrer et dénoncer l’institution psychiatrique- le nid de coucou – dans ce que beaucoup de patients sentent sans oser le dire : une garderie sous haute sécurité pour des gens qu’on ne peut que contrôler faute de savoir les soigner. Contrairement à beaucoup de médecins ou de patients racontant leur expérience, elle est allée outre le noir de leurs espoirs pour montrer celui dans lequel on nous plonge sans notre savoir, mais nous laisse apercevoir le milieu carcéral qui attendent tous ceux que l’on désigne atteint de la folie, discrète référence à Foucault, un « Roman d’anticipation » selon Babelio. Un chapeau bas et un succès dans sa crue réalité, preuve en est : comme du secteur des aliénés, il est édité sans qu’on en entende parler.
Barbara Ferreres, tous droits réservés
Nathalie Vialaneix, Outre noir, éditions Sulliver, 2011
Publié sur Babelio, Goodreads et Gleeph en version abrégée
*zonzon = prison
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Luba Jurgenson, Sortir de chez soi – Une lettre d’amour aux écrivains passeurs des textes Autres
Barbara Ferreres
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Sortir de chez soi est un long poème qui se fait à la fois lettre d’amour, aperçu du quotidien de traducteur, de à la pratique quotidienne de langues étrangères et de la traduction. Il nous immerge de manière intime dans leur naturel suintement dans l’écriture personnelle de l’autrice, et invite à se questionner sur les manières de parler (de ces langues qui nous sont autres) et le voyage culturel qu’implique nécessairement ces « sorties de chez soi » que lecteur et traducteur fait quotidiennement sans y attarder de pensée, pour la plupart.
La plume vive et rêveuse de Luba Jurgenson nous fait rentrer dans son expérience individuelle de la pratique de la traduction. Sans ôter le sérieux et l’aspect profondément intellectuel de cette discipline, c’est un sens de l’humour et une légèreté savamment dosés qu’elle nous invite dans les coulisses de cette discipline qui ne se dit qu’en petites lettres en couverture et bas de pages, quand bien même la poétique et le beau qui lui sont propre questionnent les hommes depuis aussi longtemps que les échanges entre cultures différentes se croisent et échangent, quitte à ramener le lecteur aux temps bibliques.
J’avoue avoir acheté ce livre car je me reconnaissais dans le résumé, et il se peut qu’effectivement un transfert se soit fait de mon côté. Mais n’est-ce pas le signe d’une réflexion réussie ? Le propos, plein de sagesse et d’invitations à la réflexion, porte en sa forme quelque chose d’intime qui a mon sens s’y porte particulièrement. Pour l’autrice et traductrice amatrice que je suis, l’impression de vagabonder avec une figure du domaine établie dans ce domaine que je tâtonne seulement s’est fait l’occasion d’un rapprochement unique.
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Nathalie Vialaneix, Outre Noir – Quand la fiction disséque mieux la psychiatrisation que ses gardiens de zonzonJ’en ai surligné beaucoup de passages, qui sont pour moi autant d’invitations au voyage que j’espère modestement réinvestir pour grandir.
Si je ne devais ne choisir qu’une citation de Luba Jurgenson, ce serait celle-ci : « Je (me) traduis pour entendre (mes) âmes parler entre elles ».
Je recommande, évidemment. Ce genre de livre est d’autant plus vital que les maisons d’édition indépendantes comme La Contre Allée aux collections de plurielles et de qualité telles que Contrebande – on voudrait tous les acheter – éclairent le paysage éditorial français avec leurs choix modernes, féministes et progressistes assumés. Qu’il fait du bien de découvrir autant d’autrices et de traductrices dans leur très soigné catalogue ! Cela fait du bien d’entendre des voix de femmes dans un métier où la crédibilité se conjugue encore trop souvent au masculin.
Barbara Ferreres
Posté sur Babelio, Goodreads et Gleeph en version abrégée
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