Auteur/autrice : Barbara Ferreres

  • Makenzy Orcel, La nuit des terrasses et Caverne suivi de Requiem – Quand la mort et le spleen Baudelairien débordent dans les flots d’un hommage à la nuit

    Review du recueil de Makenzy Orcel – une poésie en prose atypique

    La nuit des terrasses et Caverne suivi de Cadavres est un recueil de poésie contemporaine regroupant trois oeuvres du poète haitien Makenzy Orcel, que je découvre à l’occasion de cette réédition des éditions la Contre allée pour la collection la Sentinelle. J’ai tout de suite plongée dans cette oeuvre crue, où la nuit est le théâtre de décès et d’amours qui voient le vin se mélanger au sang, instant éphémère où les passions d’un temps se jouent de manière intense, la mort toujours au tournant. Le feu des rituels dionysiaques se mêlent dans Cadavres à la froideur de l’eau et de la mort, représentant la nature multiples des soirées passées par le(s) narrateurs, à la fois fête, requiem et champ de bataille non sans dans Terrasses rappeler au lecteur la terrible soirée des attentats du Bataclan. Quant à la Caverne suivie d’une méditation sur la mort, j’hésiterai presque à évoquer la référence à l’allégorie de la caverne de Platon sur notre compréhension toujours incomplète de la vie, tant elle semble évidente.

    Je ne sais que retenir de ce recueil car j’ai envie d’en retenir chaque phrase, chaque mot, sans pour autant avoir l’impression de lui faire honneur par la présente critique. Il s’en est que je suis infiniment reconnaissante envers la Contre Allée d’avoir réédité ces textes essentiels, qui ont toute la force du classique en devenir. Je pensais l’avoir choisi par hasard; mais je pense que c’est la force de ce texte unique qui s’est imposée sur mon chemin. Si vous hésitez encore, je ne peux que vous en recommander vivement la lecture; s’étendre sur une analyse aussi superficielle ne risquerait qu’au contraire de vous détourner de cet ouvrage fort, dont chaque lettre mérite d’être analysée sous toutes ses coutures.

    Informations complémentaires sur l’oeuvre

    Préface de Gisèle Sapiro, sociologie de la littérature directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS.
    Éditions La Contre-Allée pour la présente édition, collection La Sente (2023), édition anniversaire pour les 15 ans de la maison d’édition, format poche. Regroupe La nuit des terrasses, collection La Sentinelle (2015) et Caverne suivi de Cadavres, collection la Sentinelle (2017), lauréat du prix littéraire des lycéens et apprentis d’Île de France en 2018.
    ISBN 978-2-376650-90-4

    Goodreads – Babelio – Gleeph


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    Notre chaos heureux

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    Notre chaos heureux

    Ils ont prédit pour nous deux
    Un avenir désastreux
    Où la chute dans les drogues
    Serait notre symbole

    Pourquoi faire tant d’histoires ?
    Si tu ne valides pas le nouveau chapitre,
    Cela ne veut pas dire que tu dois t’arrêter au titre

    Ils attendent de nous deux
    Que nous nous déclarions notre flamme
    En mettant à feu et à sang leur équilibre à eux

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    « Il a des problèmes d’addiction »
    Comme si je me carrais pas de l’héro dans le fion !

    Soyons deux adolescents
    Mais sans être innocents
    Mettons feu aux bien-pensants
    Pour raviver notre flamme

    Si nôtre amour est volé,
    Allons au musée main dans la main,
    L’y déposer avec les reliques de Martinique et d’art africain,
    Afin d’en attester son authenticité

    Pas de calme après la lutte
    Soulève ma jupe
    Glisses y ta tête
    Pour un aperçu du delta de la Têt

    Les gens sont malheureux
    A l’idée que nos jours heureux
    Soient volés par les racistes
    Comme si perdu yeux dans les yeux
    Nous voyions leurs slogans finis à la pisse

    Allez viens prends moi la main,
    Avançons vers notre destin,
    Et nos lendemains.

    La haine de ces malheureux
    Ne nous effleure pas dans l’intensité
    De nos moments à deux – ceux
    De deux factieux

    À ceux qui ont prédit pour nous deux
    Un avenir désastreux
    Laissez nos détracteurs,
    Nous sommes bien deux emmerdeurs.

    Pourquoi se tirer vers le bas ?
    Quand nous pouvons nous prendre dans nos bras ?

    Barbara Ferreres, 2024


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    Strasbourg tu m’as saoulé

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    Strasbourg tu m’as saoulé

    Strasbourg tu m’as saoulée,
    Jme casse
    T’es toujours grisée,
    Mais t’as l’alcool mauvais
    Toujours sur mon épaule à chialer
    Mais pas foutue d’évoluer
    Jme casse

    Il est temps de divorcer
    Tu te veux progressiste
    Mais t’es juste un gros nid de racistes
    Jme casse

    Soi-disant qu’à Hautepierre
    J’allais me faire fracasser à coup d’pierres,
    Mais vous êtes si plein de clichés,
    Qu’c’est le seul endroit où les voisins me saluent
    Pendant qu’ailleurs leur regard m’tue
    Jme casse

    De la Seconde Guerre Mondiale
    Strasbourg n’a pas rangé les armes
    Les larmes de rage coulent toujours
    Avec la langue comme seule recours
    Je retourne à la résistance
    Dont on reconnaît la présence

    Vous vous voulez progressistes
    Mais c’est qu’un gros nid de racistes
    La seule vie du noir du soir c’est l’eau de vie
    Versée par les antiracistes
    Qui cognent comme la gnôle
    C’est pas pour deux attaques de fâchos
    Et un politique vélo
    Que vous êtes de vrais gochos
    Jme casse

    Car quitte à ça jpréfère me manger le cagnard
    Et me casser autre part,
    Aller emmerder les fachos,
    Là où il fait chaud

    Strasbourg t’es tellement coincée,
    Que même les étrangers veulent pas rester
    Y’a que des champs et des bois
    Tout ça m’a l’air de bien brûler,
    Mais flemme d’affronter l’Office forestier

    Quitte à avoir la gueule de bois,
    Et pouvoir faire feu de tous bois,
    C’est à Alliot que je vais aller faire des doigts

    Strasbourg t’as l’alcool mauvais
    T’as dézingué la soirée
    À insister que t’es pas bourée
    Le rapprochement France-Allemagne c’est la fumée
    Des cigarettes que les écolos de soirée
    Sont pas foutus d’jeter au cendar
    Tu parles d’un étendard !

    Strasbourg t’es pas la voix de la raison,
    Arrête de vouloir faire la l’çon
    T’auras l’air moins con

    Et pas besoin d’un putain de Tramway
    Pour un cancer meilleur marché
    J’irais par les Pyrénées
    Hommage à ma lignée,
    De ton brouillard plein de tocard jme barre
    Comme tous ceux qui sont pas trop cons
    Chez moi quand on me saoule c’est au Ricard

    En cadeau d’eau revoir,
    Je brûle tout par cette chanson,
    Même les oiseaux de ton blason,
    N’aiment pas ta région

    Comme eux sans regrets
    Jme casse
    Strasbourg tu m’as saoulé
    Ce sera sans moi pour décuver,
    Car oui Strasbourg tu m’as donné ta boue 
    Moi moi je n’fais pas de l’or 
    J’te la jette juste à la gueule plus fort 
    En criant
    « Jme casse ! »

    Barbara Ferreres, 2024


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  • Thinking your disabled self outside of a career

    What is your career plan?

    If there’s one thing that you can’t really speak about when you’re just becoming disabled, and especially with people who are not disabled themselves, it is the fact  that you are most likely grieving ever – or at least, for longer than they think – having a career. Whoever’s asking me what is my career plan right now, the answer is most likely to be that I do not have a career plan right now, at least not in the traditional sense of the term. I have projects I am working on and goals I am hoping to achieve, but it’s most likely that listing them (even if they imply taxable activities) will make people uncomfortable and ask what I’m going for long term. This coming at a time when I am recovered enough to be able to at least list activities that won’t lead to an awkward silence. 

    Disability in a capitalist society

    Work defined value

    If there is a thing I learnt the hard way becoming disabled, is that we live in a society where your value is defined not only on the kind of career you are actively chasing (on top of the job you already have), but also on your ability to do so. Anything else is met with an awkward silence, at best because the other person didn’t consider that you weren’t for an answer, at worst because they are putting you in the reject kind of their brain – and really, we can’t blame the first category. Everything in our everyday lives revolves around you being an active and working member of society, the two being most of the time at best unconsciously linked. 

    Learning self-acceptance

    One of the eye-opening discussion I had on the subject was during my stay at the outpatient ward, where I met other people that were grieving the fact they wouldn’t be working ever again. For most of them this realisation was difficult, as most people without disabilities don’t understand why you don’t at least try, because the worst that can happen is you ending your contract. No. The worst that can happen is the psychward. Resetting the timing of your recovery. The narrative mainstream media is so cluttered with so called ‘’success stories’’ from disabled people outdoing their sickness and even crossing the boundaries of what is possible for a led people that they tend to forget that this isn’t a fight or a try to outdo everyone, but a process of learning to live with yourself.

    Seeing outside the box – disability and work

    In fact, I would say a win is finding your value outside of usual expectations and people that support you in your journey in this world were nothing is made to accommodate people with different realities, nor considerate them in any other way than a problem to fix. Sometimes, it is better healthwise to think outside of a career or as a non-working person, as not doing so destroyed my self-esteem. There is value in other things, too. 

    Barbara Ferreres


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    Souvenir

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    Souvenir

    Souvenir

    Tapes, from the « Souvenirs » painting series, by Okaasan/Nathalie Ferreres, mixed media on canvas, all rights reserved 2023-2024

    She noticed the graphite scratching,
    The ink flowing ;
    Second scretched,
    As she lurked

    (suite…)


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