Étiquette : prose

  • Makenzy Orcel, La nuit des terrasses et Caverne suivi de Requiem – Quand la mort et le spleen Baudelairien débordent dans les flots d’un hommage à la nuit

    Review du recueil de Makenzy Orcel – une poésie en prose atypique

    La nuit des terrasses et Caverne suivi de Cadavres est un recueil de poésie contemporaine regroupant trois oeuvres du poète haitien Makenzy Orcel, que je découvre à l’occasion de cette réédition des éditions la Contre allée pour la collection la Sentinelle. J’ai tout de suite plongée dans cette oeuvre crue, où la nuit est le théâtre de décès et d’amours qui voient le vin se mélanger au sang, instant éphémère où les passions d’un temps se jouent de manière intense, la mort toujours au tournant. Le feu des rituels dionysiaques se mêlent dans Cadavres à la froideur de l’eau et de la mort, représentant la nature multiples des soirées passées par le(s) narrateurs, à la fois fête, requiem et champ de bataille non sans dans Terrasses rappeler au lecteur la terrible soirée des attentats du Bataclan. Quant à la Caverne suivie d’une méditation sur la mort, j’hésiterai presque à évoquer la référence à l’allégorie de la caverne de Platon sur notre compréhension toujours incomplète de la vie, tant elle semble évidente.

    Je ne sais que retenir de ce recueil car j’ai envie d’en retenir chaque phrase, chaque mot, sans pour autant avoir l’impression de lui faire honneur par la présente critique. Il s’en est que je suis infiniment reconnaissante envers la Contre Allée d’avoir réédité ces textes essentiels, qui ont toute la force du classique en devenir. Je pensais l’avoir choisi par hasard; mais je pense que c’est la force de ce texte unique qui s’est imposée sur mon chemin. Si vous hésitez encore, je ne peux que vous en recommander vivement la lecture; s’étendre sur une analyse aussi superficielle ne risquerait qu’au contraire de vous détourner de cet ouvrage fort, dont chaque lettre mérite d’être analysée sous toutes ses coutures.

    Informations complémentaires sur l’oeuvre

    Préface de Gisèle Sapiro, sociologie de la littérature directrice de recherche au CNRS et directrice d’études à l’EHESS.
    Éditions La Contre-Allée pour la présente édition, collection La Sente (2023), édition anniversaire pour les 15 ans de la maison d’édition, format poche. Regroupe La nuit des terrasses, collection La Sentinelle (2015) et Caverne suivi de Cadavres, collection la Sentinelle (2017), lauréat du prix littéraire des lycéens et apprentis d’Île de France en 2018.
    ISBN 978-2-376650-90-4

    Goodreads – Babelio – Gleeph


    Laisser un commentaire : Makenzy Orcel, La nuit des terrasses et Caverne suivi de Requiem – Quand la mort et le spleen Baudelairien débordent dans les flots d’un hommage à la nuit
  • Rendez vous chez l’addictologue

    « Est-ce que vous ne pourriez pas en profiter pour prendre un moment pour prendre soin de vous et guérir ? » me demande l’assistant social avant de m’écouter inutilement radoter ma motivation pendant le bref temps qu’il a à m’accorder. Faute de bonne gestion de budget, il se retrouve aussi psychologue. Il a quelque chose de froid et stérile; derrière une silhouette ronde aux couleurs chaudes se cache la lame acérée du scalpel social, qui découpe et trie pour me mettre dans la case des junkies trop déprimés pour fonctionner. Encore une fois. Le moment le plus agréable, dans ces rendez-vous, c’est la salle d’attente, avec un chat qui semble m’aimer autant que le mien. Je le dévore des caresses dont je suis privée.

    La porte claquée je me retrouve seule avec la réalisation grandissante que l’échec que tout le monde attendait est arrivé. Pendant le rendez-vous, il a commencé à pleuvoir : les cyclistes portent des capes fluo et les rares passants des doudounes dont la capuche serrée crie au supplice. Tandis que j’avance vers le tram la pluie s’intensifie, je déteste le putain de cliché littéraire qu’est ma vie. Mes sacs m’empêchent de prendre mon parapluie, et mon écharpe se glisse lentement vers mes pieds, battant déjà de sa laine humide mes chevilles. L’arrivée à l’arrêt République se fait comme un bain de foule, je me surprends à avoir oublié que qu’à ses heures la vie reprend et Strasbourg se pare de ses airs de grande villes aux transports débordants. Le trajet est incomfortable et humide.

    (suite…)

    Laisser un commentaire : Rendez vous chez l’addictologue
  • Septembre 2023 – Dernier Ter Montpellier-Perpignan avant longtemps

    Je regarde le lac de leucate et je suis triste à crever.
    Je n’arrive pas à réaliser que je vais m’en aller. J’ai l’impression que je vais en crever. Que c’est pas possible que je retourne loin de tout ça.
    Avant, j’étais à Montpellier, mais c’est de la triche, c’est pas vraiment loin.
    Je repense à papa et ses histoires de pension comme si j’avais besoin de ça. Comme si je galerais déjà pas assez sans ça. Il faut qu’il rajoute sa touche. Je sais que c’est juste, mais ça m’emmerde.

    Je voudrais rester en Provence avec mes amis et ma sœur. Je suis toujours si loin. J’ai l’impression qu’ils se rapprochent et que je les perds. J’y ai contribué. Mais j’aimerais continuer de regarder avec eux la voie lactée. Il me semble injuste que les gens qui comptent dans ma vie soient tous loin de moi.
    Je regarde les Corbières et les Pyrénées, basses, avec leurs contours bien arrondis. Je repense à mon arrivée somnolée dans les Alpes escarpées. Tiffany qui me dit que ça sent la maison pendant que je me laisse bercer par le ronron du moteur. Je me rappelle avoir demandé pourquoi. C’est parce que les Alpes sont des millions d’années plus jeunes. Regarde, on voit encore les strates, et le dessus qui s’est cassé la gueule, rigole selena, au volant depuis Strasbourg. J’essaie d’imaginer les Pyrénées en train de pousser, détruisant tout sur leur passage, d’un coup comme une éruption. J’ai demandé si ça se passait comme une catastrophe naturelle. On m’a parlé d’endroit de friction des plaques, le truc niveau 4e, mais au final je n’ ai pas compris si l’avènement des montagnes que j’aime aujourd’hui s’est fait dans un désastre.

    A Port la Nouvelle, je vois cette infrastructure de béton moche qui m’avait tant impressionnée mon premier soir de voyage seule, dans le train de 17h17, que je n’ai plus jamais repris parce

    (suite…)

    Laisser un commentaire : Septembre 2023 – Dernier Ter Montpellier-Perpignan avant longtemps